Samina : La voix est libre
La mystérieuse Samina inaugure le Festival de Jazz en première partie de Michael Bublé avant d’élire résidence au Savoy pour la durée du FIJM. On murmure que des labels étrangers s’intéressent à son premier album jazz.
Elle avance avec élégance, blottie sous son parapluie bleu. Grande, mince et racée, Samina est une femme souriante mais réservée qu’on imagine mal sous les feux de la rampe avec les éclats d’une excentrique diva. Pourtant, depuis l’enfance, elle n’avait qu’un désir: chanter. Et même si elle s’est lancée dans la mode sans véritable vocation pour le boulot de mannequin, elle a fini par aller voir une professionnelle, question de développer le chant classique.
"Dès le premier cours, ç’a été comme une révélation, avoue-t-elle, encore émerveillée. C’est toujours un peu spécial de sentir ces sons qui sortent de soi… On ne sait pas d’où ça vient. C’est assez éblouissant. La voix, c’est notre reflet, on se découvre à travers elle… C’est tout un cheminement de trouver sa voix, j’en ai beaucoup appris sur moi en la cherchant."
Au départ, l’organe est fragile. Comme un filet de voix qui monte très haut. Puis, la dame de cœur devient littéralement passionnée. Elle s’exerce de trois à quatre heures par jour, jusqu’à s’abîmer les cordes vocales…
Et le jazz qui arrive, s’installe dans sa vie: pour de bon.
"Il y avait tout un côté technique qu’il fallait perfectionner. Cela dit, la voix est ce qu’elle est. Donc, il faut apprendre à l’accepter et aller dans son sens. Chose que je n’ai pas faite. Voilà pourquoi j’ai perdu l’équilibre, j’ai perdu la voix et j’ai dû, à un moment donné, réapprendre, réapprivoiser le tout. Finalement, elle est devenue ma meilleure amie. Je ne me verrais plus aller dans le classique maintenant. C’est magnifique mais plus austère, plus rigide…"
Avec des musiciens chevronnés comme Louis Côté, Guy Dubuc et Marc Lessard, et avec la bénédiction de Claude Simard, l’époux d’une de ses meilleures amies qui se trouve à être un ex-bassiste de jazz et propriétaire de l’étiquette Orange Music, Samina fait le grand saut. Tout se déroule si vite qu’ils ont à peine le temps d’y réfléchir. L’album How I Feel dit bien que la musique est un chant qui vient de l’intérieur. Feutré, spontané, avec une qualité d’émotion qui fait la différence. Sorti fin mars, il s’est déjà écoulé à cinq mille exemplaires. Et ce n’est qu’un début.
"On s’est moulés, explique l’artiste. Ils ont fait les arrangements mais pour ce qui est de l’interprétation, j’étais vraiment toute seule. C’était un recueillement intérieur et j’allais chercher mes sources à moi. Avec Claude, je disposais d’une grande liberté. Il m’appuyait dans tous mes choix. J’ai donc choisi mes chansons au feeling. Ça peut être soit la mélodie, les paroles ou l’interprétation de quelqu’un d’autre qui vient me chercher. Quelque chose qui m’accroche, qui vient me faire vibrer ou frissonner. Quand ça m’arrive, je sais que c’est une chanson que je devrais faire."
Samina, qui aime chanter pieds nus, ne se met pas trop de pression sur les épaules. "Je donne ce que je ressens sans me soucier de la manière dont telle ou telle chanson a été rendue avant. Si c’est reçu positivement, tant mieux, sinon ce n’est pas grave."
Les 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9 juillet
Au Savoy du Métropolis
Les 29 et 30 juin
Avec Michael Bublé
À la Salle Wilfrid-Pelletier
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