Vincent Boucher : Docteur Vincent & Mister Boucher

Ce qui frappe d’abord, dans le curriculum vitae de Vincent Boucher, c’est sa double formation en musique au Conservatoire de Montréal et en… finance aux HEC. Deux domaines dans lesquels il excelle. En musique, il a d’abord obtenu deux Premiers Prix au Conservatoire (orgue et clavecin), le Premier Prix au Concours John-Robb du Collège Royal Canadien des Organistes en 2000, le Prix d’Europe en 2002 (premier organiste à le remporter depuis 1966), puis le Prix Opus de la Découverte de l’année pour la saison 2003-2004. Cependant, entre 9 h et 17 h, il est aussi analyste en marchés et produits financiers au siège social de la Banque Nationale du Canada. "Ce n’est pas pour avoir un sentiment de sécurité que je travaille aussi dans le domaine de la finance, explique-t-il, mais parce qu’il s’agit pour moi d’une passion, comme la musique. Et puis, quand j’arrive devant l’instrument, c’est avec un plaisir chaque fois renouvelé!" Une double passion qui demande certes beaucoup d’organisation… et d’énergie! "Au niveau du cégep, il m’est arrivé d’avoir jusqu’à 13 cours dans une session. Ça développe le sens des priorités!"

Le Prix d’Europe de 2002 lui a permis d’aller se perfectionner durant six mois en France, où il a étudié auprès de Pierre Pincemaille. "Un organiste improvisateur absolument extraordinaire avec qui j’ai beaucoup étudié l’écriture; la formation québécoise est surtout axée sur l’interprétation, aussi était-il important pour moi d’approfondir la fugue et le contrepoint, parce que l’on ne peut improviser que ce que l’on peut écrire."

Le concert Bach Cembalo Crescendo, dans le cadre du Festival Montréal Baroque, lui permettra de jouer aux côtés de deux grands interprètes qui furent aussi ses professeurs. "J’ai étudié le clavecin pendant près de 13 ans avec Mireille Lagacé et Luc Beauséjour, c’est donc un grand honneur de jouer avec eux. Nous soulignerons le 70e anniversaire tout récent de Mireille en lui laissant ouvrir le concert par des prélude et fugue qu’elle jouera en solo. Luc se joindra à elle pour le Concerto à deux clavecins en do majeur, BWV 1061; je les rejoindrai pour le Concerto à trois clavecins en ré mineur, BWV 1063; et Mélisande McNabney, qui est la petite-fille de Mireille, s’ajoutera pour interpréter le Concerto à quatre clavecins en la mineur, BWV 1065. Avec le petit groupe de cordes (deux violons, alto et basse continue) et l’acoustique de la chapelle, ce seront des conditions idéales pour cette musique."

Co-titulaire, avec son père Jacques Boucher, de l’orgue Casavant (1915) de l’église Saint-Jean-Baptiste à Montréal, Vincent Boucher a été pendant quatre ans organiste titulaire à la basilique-cathédrale Sainte-Cécile de Valleyfield où il a enregistré son premier disque, sous étiquette Fonovox, à l’âge de 19 ans. D’autres enregistrements suivront bientôt, cette fois sous étiquette ATMA. "Ma charge à Saint-Jean-Baptiste est assez légère, explique-t-il. J’y suis surtout l’été ou les semaines durant lesquelles mon père est absent, pour le rituel, les funérailles et les mariages. Ce qui est fantastique, c’est d’avoir accès à un instrument qui est probablement le plus bel orgue symphonique au Québec!"

On pourra assister à un récital d’orgue de Vincent Boucher le 17 août prochain durant le Festival des Mercredis de l’Orgue de l’oratoire Saint-Joseph, qui célèbre cette année ses 100 ans d’existence (l’orgue Beckerath qui s’y trouve date de 1959). Il y résumera "100 ans de musique française en Amérique" avec des extraits du Livre d’orgue de Montréal (1724) et des œuvres d’Antoine Reboulot, Joseph Bonnet et Louis Vierne, auxquelles s’ajouteront des sonates de Scarlatti, dont un enregistrement sera lancé au même moment, et une création de Jacques Faubert, premier jalon d’un nouveau Livre d’orgue de Montréal, que prépare l’organiste. Il quittera Montréal le lendemain pour un récital à Notre-Dame de Paris.

Bach Cembalo Crescendo
Le 25 juin, 22 h 30
À la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours

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