Yves Marchand : Revers masculin
Musique

Yves Marchand : Revers masculin

Après la tempête Zébulon, Yves Marchand a troqué ses claviers pour la guitare. Résultat: son premier album solo, Belvédère, s’écoute comme on enfile un coton ouaté.

Huit ans. Il aura fallu tout ce temps pour que l’ancien claviériste du groupe Zébulon, co-auteur entre autres de la célèbre chanson Marie-Louise, accouche de son premier album, qui a surpris tout le monde l’an passé. Alors que le rock et la virilité étaient la marque de commerce du groupe, voici qu’Yves Marchand, cette fois-ci, s’est permis de dévoiler l’autre côté de la masculinité: la fragilité et la vulnérabilité. Tout en poésie et en douceur, l’artiste nous ouvre les portes de son paysage intérieur. Tels les zoom in d’une caméra, les chansons proposent différentes entrées et pensées de la vie quotidienne. Celles des doutes, espoirs, plaisirs, rêves et peurs d’un homme, père et amoureux qui sait encore s’émerveiller de la nature et des étoiles. De la vie, quoi.

Il faut dire que l’auteur, compositeur et interprète a créé ses chansons à côté de la chambre de son petit garçon qui dormait. N’ayant pas de piano là où il habitait, il a eu l’inspiration de découvrir la guitare et de se laisser aller. Afin de ne pas faire de bruit, il jouait avec les doigts plutôt qu’avec un pic. Et l’artiste chantait tout doucement, comme si c’était une berceuse. Inconsciemment, la pureté et la simplicité de l’enfant auront donné la trame de fond de l’album de papa. L’atmosphère planante de Belvédère vient donc de là.

Après avoir goûté aux feux des projecteurs, Yves Marchand ne voulait plus écrire du rock. Il voulait aller à la source, se dénuder. L’arrivée de la quarantaine a changé la donne. "Pour moi, cela a été un point tournant", avoue-t-il. Le début de la sagesse.

"Avec une gang de gars, tu as le goût d’avoir du fun, évoque-t-il. Seul, c’est différent. Tu prends toutes les responsabilités. Il faut que tu te plaises, que tu sois à l’aise avec chaque phrase, chaque musique. Il faut porter et défendre ce que tu fais dans toutes les situations. Ça prend beaucoup de courage. Le défi est d’accepter que ce soit long et que ça prenne du temps."

Dans une époque qui carbure à la consommation jetable, Yves Marchand va ainsi à contre-courant. Il fait l’analogie suivante: "Il y a des choses qui sont faites pour se consommer rapidement, il y en a d’autres qui sont faites pour se consommer lentement, comme un bon repas."

Belvédère étant une œuvre personnelle, il doutait toutefois de la réaction des gens. Sur scène, ses doutes se sont dissipés. "Mes histoires sont à tout le monde, a-t-il découvert. J’ai ainsi moins peur du futur."

"En spectacle, poursuit-il, c’est le prolongement de moi-même qui continue. Je suis vraiment ce que j’écris et j’ai vraiment le goût de le partager."

C’est ce qu’il proposera le 2 juillet en ouverture de l’International de l’art vocal. Au Bistro de la Terrasse Turcotte, trois musiciens se laisseront porter par les vagues du fleuve, avec en plus improvisation et nouvelles compositions.

Le 2 juillet à 19 h
Scène Bistro Tourisme Québec (International de l’art vocal de Trois-Rivières)

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La voix de l’International

L’International de l’art vocal de Trois-Rivières, pour sa 13e édition, montre son vrai caractère. Véritable ambassadeur de la "voix", il propose une programmation éclatée où les différents genres musicaux trouvent une place de choix sur ses quatre scènes extérieures ainsi que dans le foyer de la Salle J.-A.-Thompson. Musiques du monde, rythmes populaires et chants choraux colorent en effet les soirées du centre-ville de Trois-Rivières, du 2 au 9 juillet. Corneille (le 2), Les Grandes Voix bulgares (le 3), Le "Trip" des Triplettes (le 4), Gilles Vigneault accompagné des Charbonniers de l’enfer (le 5), Loco Locass (le 6), Richard Desjardins (le 7), Mina Mingole (le 8) et Offenbach en fusion (le 9) figurent parmi les invités de marque cette année. D’autres artistes bien en vue comme Yves Marchand (le 2), Nancy Dumais (le 7), Sarah Slean (le 8) et Marco Calliari (le 9) seront également de passage pour l’occasion. Et les nouveautés? L’International a concocté Sur les voix publiques, un volet consacré aux petits ensembles vocaux. Chantant tantôt dans un autobus ou une fourgonnette, tantôt dans un recoin du centre-ville, ceux-ci se produiront dans un environnement théâtral. Au total, quelque 40 représentations d’environ 15 minutes auront lieu quotidiennement. (K.G.)