Black Eyed Peas : De pachyderme à primate
Musique

Black Eyed Peas : De pachyderme à primate

Après deux échecs commerciaux, les Black Eyed Peas ont vu leur carrière ressusciter grâce à leur collaboration avec Justin Timberlake, la pièce post-11 septembre Where Is the Love. Il ne fallait plus que les bombes radio Shut Up et Hey Mama pour convertir 7,5 millions d’incultes à leur hybride funk, hip-hop et R&B et remplir les stades du monde entier. C’est pendant les multiples arrêts d’une tournée de deux ans que le groupe a concocté Monkey Business, avec l’aide de Sting, de James Brown, de Q-Tip, de Talib Kwali et de ce fameux Justin. Interrogatoire avec trois membres sur quatre sur un toit brûlant de Los Angeles.

Londres, la Californie, le Brésil… Vous avez littéralement enregistré aux quatre coins du monde!

Apl.: "Oui, mais surtout à Londres. On jouait dans des festivals européens la fin de semaine, et en semaine, on revenait à Londres enregistrer. Ce fut notre base européenne tout l’été dernier, et c’est là qu’on a rencontré James Brown."

Vous avez enregistré une pièce avec lui pour Monkey Business

Apl.: "Oui, on l’a rencontré aux Mojo Awards, et on a abordé son gérant, tout gênés. On a été surpris de son enthousiasme presque instantané; il est venu vers nous en disant: "On me dit que je dois absolument travailler avec les Black Eyed Peas!""

Et en studio, c’était comment? James Brown, c’est une légende, un personnage!

Fergie: "C’était surréaliste. Pas un cheveu n’était déplacé. Son entourage et les membres de son groupe, comme lui, étaient vêtus d’extravagants costumes. Il a même interdit à un des membres de son band de venir en studio la première journée, parce qu’il n’avait pas le bon look! On doit s’adresser à lui en tant que "Mr. Brown". Il m’appelait Miss Fergie et Will.I.Am Baby Brown! Vraiment "old school", quoi! Mais l’enregistrement s’est fait de façon "old school" aussi, c’est-à-dire rapidement et spontanément. Au niveau musical, on a cliqué instantanément, et c’était vraiment un plaisir extraordinaire que de l’observer dans son élément."

La pièce que vous avez faite ensemble s’intitule They Don’t Want Music. Vous vouliez livrer un message à la communauté musicale qui a boudé vos deux premiers albums?

Taboo: "Un peu. Elephunk, c’était l’album de la dernière chance, on croyait qu’après un troisième échec, on plierait bagage. C’est grâce à l’ouverture d’esprit du public européen, canadien, brésilien et asiatique que l’album fut un succès. Les États-Unis suivent toujours en dernier. C’est un commentaire sur la mentalité du hit en Amérique, qui manque d’ouverture d’esprit."

J’ai été vraiment surprise d’apprendre toutes les épreuves que vous aviez dû traverser avant d’arriver à faire Elephunk [NDLR: l’étiquette de disques refusait de libérer les fonds pour un autre album, et Apl. et Fergie ont tous deux été forcés de suivre une cure de désintoxication pour dépendance au crystal meth], compte tenu du caractère si hop-la-vie des chansons qu’on y retrouve.

Taboo: "Pour ma part, ce fut une période de réflexion intense, qui m’a profondément motivé. Je voyais que je devais aider mes collègues, et devenir un meilleur ami. En même temps, comme ça pouvait être notre dernier disque, j’ai tenté de tirer le meilleur de moi-même au niveau de l’écriture, et nous avons relevé le défi.

Fergie: "La force dont nous avons fait preuve a donné ce caractère si positif à l’album, je crois, et à notre son en général. Parfois il faut marcher à l’ombre pour apprécier la lumière, et nous avons, tous, à notre manière, vécu une période très sombre. Si je n’avais pas passé par cette épreuve, je ne serais probablement pas ici aujourd’hui… mais le succès qu’on a vécu par la suite demeure la plus belle récompense."

Compte tenu de tous ces événements, est-ce la première fois, avec Monkey Business, que vous ressentez une véritable pression par rapport à la performance commerciale de l’album?

Fergie: "Plus ou moins. Lorsqu’on est entré en studio à Londres, on avait 500 spectacles derrière la cravate, on était tous un peu épuisés. C’était donc simplement un bonheur de se retrouver ensemble, de vivre ensemble, et de créer quelque chose de nouveau. Cet album est une célébration de notre amitié; c’était vraiment l’unique motivation derrière ce disque."

Mais vous avez tout de même ramené Justin Timberlake, qui, soyons francs, a été le déclencheur commercial de l’album précédent.

Taboo: "Oui. Nous avons tourné avec Justin en Europe et aux États-Unis. Lorsqu’on parcourt la moitié de la planète avec quelqu’un, il y a un lien qui se tisse, une connexion au-delà de la musique. Justin est devenu un ami avant tout, c’était donc naturel de l’inviter en studio à nouveau… Qui sait, peut-être allez-vous nous retrouver sur son prochain album aussi…"

Les Black Eyed Peas seront en spectacle dans le cadre du Bluesfest d’Ottawa le 8 juillet. Pour connaître les autres détails de la programmation du festival qui se déroule du 7 au 17 juillet, consultez: www.ottawa-bluesfest.ca.

Le 8 juillet
À la place des Festivals

Black Eyed Peas
Monkey Business
(A&M Records / Universal)