Jolie Holland : Belle mobilité
Musique

Jolie Holland : Belle mobilité

L’envoûtante Jolie Holland nous parle du mouvement créateur qui l’anime.

Home, sweet home… Après avoir passé 11 des 12 derniers mois sur la route, Jolie Holland profitera de la majeure partie de l’été chez elle, à San Francisco. Hormis quelques spectacles qui l’amèneront notamment à Montréal, la rouquine n’a rien prévu, sinon cultiver la tomate et enregistrer son prochain disque. C’est ce dernier projet qui régira principalement ses quelques mouvements estivaux.

Déjà, Holland s’est mise à la tâche avec un objectif bien précis en tête: faire en sorte que ça déménage… "Cette fois-ci, j’ai l’intention d’aborder l’enregistrement de ces chansons avec le mordant propre à mes performances scéniques, confie la musicienne. Ce sera plus fougueux, plus fiévreux."

Sur le plan stylistique, pas de changement majeur au programme. La prochaine livraison devrait se poser, comme les précédents Catalpa et Escondida, au carrefour où convergent country fantomatique, blues poussiéreux et folk vieille époque. On est preneur…

Apparemment, le processus créatif va bon train. Certains des nouveaux morceaux ont été baptisés au fil des dernières tournées. Un thème semble courir, qui porterait "sur les horreurs du cœur". Mais encore? "J’ai un titre en tête: Springtime Can Kill You." Sympa…

Pour l’heure, reste à accoucher d’autres nouvelles compositions. Ces derniers temps, Jolie Holland admet trouver l’inspiration en… avalant le bitume. "Je travaille pas mal au volant, révèle-t-elle. Récemment, j’ai aidé un ami à déménager en ville. Comme il habitait à 90 minutes du centre, ça m’a permis de passer pas mal de temps sur la route."

Cela dit, on serait surpris si la Jolie lançait un disque de char. On imagine que le mouvement routier, le rythme propre à la circulation automobile sont des sources de stimulation dont l’effet se mesure de façon subliminale. Du carburant pour le réservoir à idées.

D’ailleurs, ça se passe comment, quand l’inspiration nous prend à 110 à l’heure? On se gare sur l’accotement pour prendre des notes avant d’oublier? "(Rire) J’ai une assez bonne mémoire pour les mélodies, répond Holland. Je peux même écrire la musique, d’après un système personnel, mais qui fonctionne."

Cette façon de faire relève d’une approche plutôt abstraite. Là où d’autres développent leurs idées en touchant le piano ou en grattant la guitare, Jolie Holland remue les méninges. "Les chansons naissent principalement dans ma tête, où elles se manifestent simultanément de manière mélodique et textuelle."

Parfois, comme pour renforcer la nature crépusculaire de sa musique, Jolie est visitée en rêve par une muse généreuse. "Je viens d’écrire une chanson dans mon sommeil, confie-t-elle. C’est plutôt inhabituel, mais je me suis réveillée et j’avais les mots dans la tête."

Comme quoi la musique habite l’artiste même la nuit. Voilà qui ne doit pas laisser beaucoup de temps pour les hobbys, diurnes ou nocturnes. "Avec mon copain, je trouve quand même le temps d’organiser des soirées. Sinon, tous les deux, on aime aussi cuisiner. Il est plutôt viande, alors que moi je suis du genre végé." D’où cet intérêt pour la culture de la tomate. Si vous cherchez Jolie Holland cet été, pensez à regarder côté studio ou… côté jardin.