Lizz Wright : Soul to soul
La voix chaude de Lizz Wright vous habite, agit comme une présence. Que la chanteuse interprète des pièces traditionnelles, des standards de jazz ou de la pop, elle le fait toujours avec un grand sens de la spiritualité et beaucoup de profondeur.
En 2003, à l’âge de 22 ans, Lizz Wright fit paraître un premier album, Salt, qui fut fort bien accueilli par la critique, et se produisit en concert au Festival International de Jazz de Montréal. De ce passage chez nous, elle se souvient d’avoir pu assister à la prestation de Cesaria Evora, dont elle dit de sa voix qu’elle a "la pureté du minerai". Il y a quelques jours à peine, Verve lançait le second opus de la chanteuse, Dreaming Wide Awake. Elle remercie au passage Meshell Ndegeocello, dont elle apprécie la "nature rebelle" et la grande "ouverture d’esprit".
Lizz Wright est née en Géorgie. Elle y a été élevée dans un contexte religieux où le gospel occupait une place prépondérante. L’esprit de cette musique imprègne fortement ce qu’elle fait présentement: "Musique et spiritualité sont étroitement liées. J’essaie toujours d’ouvrir mon cœur, et aussi de m’ouvrir, moi. J’aborde les paroles d’une chanson, son histoire, comme des moyens me permettant de mieux vivre l’instant présent." Ce n’est jamais facile de donner suite à une œuvre ayant remporté un vif succès: "Au début, j’étais paralysée. Salt avait suscité beaucoup d’attentes. J’étais indécise." Avec Dreaming Wide Awake, Lizz Wright propose une œuvre légèrement différente, plus acoustique, dépouillée, intimiste: "L’enregistrement a eu lieu dans les montagnes. Je me promenais en forêt. Le disque est le reflet de cet état dans lequel j’étais plongée. Je n’avais pas le goût de chanter avec force. Pas plus que de faire de la rhétorique ou d’aborder des sujets politiques. Le disque traduit bien comment je me sens en ce moment: calme, apaisée, naturelle, appréciant la musique pour sa simplicité."
Au plan musical, Lizz Wright se situe dans la mouvance néo-soul, mouvement qui donne un souffle contemporain au soul. Beaucoup d’artistes déposent dans le même creuset des pièces traditionnelles, des standards de jazz, de grandes chansons pop, du R&B, de la musique soul. Sur Dreaming Wide Awake, la chanteuse interprète des compositions et plusieurs chansons qui l’ont toujours habitée: Stop, A Taste of Honey, Get Together, I’m Confessin’, Old Man. "Craig Street (le réalisateur) et moi, dit-elle, avons apporté des compilations des chansons que nous aimions. Craig m’a indiqué les textes qui me conviendraient le mieux. Il a une profonde compréhension du blues, du country, de la musique du Sud. Peu importe le genre, j’aime des textes forts, une bonne histoire. Le jazz permet de jeter un éclairage différent sur les choses, il ouvre des portes. Je veux toujours en savoir plus sur la vie. Pour ce qui est des compositions, j’écris ce qui me permet de me libérer. C’est un processus continu… La beauté réside dans ce que la vie a de plus fou à offrir."
Certains critiques ont fait un rapprochement entre elle et Terry Callier, un initiateur du progressive folk du Chicago des années 60: "J’apprécie réellement ce rapprochement. Quand j’écoute Callier, je peux sentir sa passion, sa présence." Au sens large, les amateurs de Cassandra Wilson, de Norah Jones, de Tracy Chapman ou de Holly Cole prendront plaisir à découvrir Lizz Wright.
Au Club Soda
Le 2 juillet
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