Pink Martini : La vie en rose
Pink Martini nous invite à siroter son savoureux cocktail musical.
Swing, vieux jazz, musique latine, chanson française, standards pop… le répertoire de Pink Martini intègre davantage de composantes qu’un drink d’été exotique. À bien y regarder, on constate qu’il ne manque à la recette qu’un élément plus corsé, dérivé du blues et du folk, pour couvrir la gamme des sonorités ayant marqué le siècle dernier.
Pas très rock’n’roll, Pink Martini, alors? Plutôt shake’n’stir, à vrai dire… S’il avait à choisir, l’orchestre états-unien préférerait sans doute se retrouver dans une suave garden party outremontaise que dans un conventum de "heavy métaleux" à l’Auditorium de Verdun.
Les airs de son temps, le fondateur du groupe, Thomas M. Lauderdale, n’a commencé à s’y intéresser qu’assez récemment. "Je commence à me plonger dans le rock et la musique populaire. Je viens de découvrir ABBA. Quel groupe génial!" confie-t-il.
Plus jeune, Lauderdale s’est initié à la musique en parcourant "l’étrange collection de disques de (ses) parents. J’ai été exposé à des choses comme les New Christy Minstrels (ndlr: groupe folk sixties limite ringard)". Il décide ensuite d’apprendre le piano plutôt que la guitare. Quand on sait que notre garçon est originaire de Portland, ville progressiste de la Côte-Ouest américaine, on se dit qu’il n’aurait pas pu trouver plus "rock’n’roll" comme vocation. Sinon apprendre le triangle…
Choix judicieux. Aujourd’hui, après des débuts locaux modestes, les Pink Martini se rendent partout où l’on veut bien d’eux. Apôtres de la diversité culturelle, Thomas M. Lauderdale et ses musiciens se piquent de monter un répertoire multilingue qui fait place à l’anglais, au français, à l’espagnol comme au japonais… "On a même interprété une chanson en turc devant un large public à Istanbul", ajoute Lauderdale, non sans fierté. Voilà un garçon qui ferait une belle carrière aux Nations Unies.
DES TOMATES POUR LE GROUPE
Sympathique, le premier disque de Pink Martini, a connu à sa sortie un succès inattendu. Quand est venu le temps d’endisquer une deuxième fois, Lauderdale dit avoir éprouvé des difficultés. Sept ans se sont écoulés avant que Hang On Little Tomato voie le jour, en 2004. "Pourquoi avoir mis tant de temps? Honnêtement, c’est que j’étais complètement pétrifié. Je ne savais pas quoi faire. Le premier avait été bien reçu, à ma grande surprise. Pour le deuxième, j’ai ressenti beaucoup de pression. Mais le troisième sera plus facile. J’ai déjà les morceaux en tête."
S’il se frotte principalement à des genres musicaux qui se sont, comme le bon vin, bonifiés en vieillissant, Lauderdale reconnaît à la musique populaire contemporaine un intérêt certain. "Il y a des choses très intéressantes qui se font aujourd’hui, confirme-t-il. Ça ne paraît pas si l’on se borne à étudier le Top 40, mais il faut regarder au-delà."
Le pianiste pense à Björk, entre autres artistes, dont la "démarche atteste une grande intelligence, une grande originalité". Pink Martini irait-il jusqu’à glisser une de ses compositions dans son répertoire? "Hmmm… Je n’y avais pas pensé…" Nous, on imagine bien le matériel de l’Islandaise soumis à une adaptation martini "a-loungée". Une idée à mettre sur la glace…
Le 30 juin
Au Métropolis
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