Ranee Lee : Les deux font la paire
Musique

Ranee Lee : Les deux font la paire

Pour la chanteuse Ranee Lee, le temps de la consécration est arrivé. À l’occasion de ses retrouvailles avec le pianiste Oliver Jones, la qualité de ses interprétations atteint un nouveau sommet d’excellence.

La chanteuse Ranee Lee se hisse au rang des grandes interprètes du jazz vocal aux côtés des Carmen Lundy et Dee Dee Bridgewater. Depuis plusieurs années, elle a consacré beaucoup de temps à rendre hommage aux grandes divas de l’histoire (les Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Dinah Washington, Lena Horne, Pearl Bailey): "Dinah Washington peut chanter une variété de genres musicaux: du swing, du R&B. Elle est tellement expressive. Elle dégage le même feeling dans sa façon de bouger. Quand j’étais toute jeune, c’était déjà une géante. Elle est très généreuse et intègre. Je pense aussi à Carmen McRae, à Nancy Wilson, qui ont une voix qui transcende. J’ai beaucoup d’admiration pour ces chanteuses." Ranee Lee évoque leur souvenir dans un contexte théâtral: "L’une de mes plus grandes passions, c’est de jouer. J’aime peindre, j’aime créer. Avec Joséphine Baker, vous avez quelqu’un qui met l’accent sur la performance scénique. Avec Billie Holiday, il s’agit de conflits intérieurs, de drames intimes. La plupart de ces femmes viennent de milieux très pauvres. Chez Lena Horne, c’est l’élégance. Elle a présenté au public blanc une attitude rassurante."

Le disque que Ranee Lee vient de cosigner avec son vieux complice Oliver Jones, Just You, Just Me, présente un répertoire riche et varié fait de compositions et d’interprétations remarquables de standards: Stardust (Hoagy Carmichael), Sister Sadie (Horace Silver), Goin’ Home (Anton Dvorak), The Ballad of the Sad Young Men (inspirée des versions de Roberta Flack et de Rickie Lee Jones). "D’abord, j’adore ces chansons, confie la chanteuse. Elles me rejoignent. La façon dont je me sens sur scène quand je les interprète avec Oliver compte beaucoup pour moi. Au sujet de Stardust, la structure mélodique est très complexe. C’est un véritable défi. Sad Young Men a été écrite au moment de la guerre du Vietnam. Il me semble que la réalité à laquelle nous faisons face maintenant offre plusieurs similitudes." Les compositions de Ranee Lee sont très belles, surtout Images et There’s Nothing Left (But Goodbye): "C’est Oliver qui a écrit la mélodie de Images. Je l’ai tout de suite aimée. Il m’a suggéré le titre et cela a fait monter en moi une vive émotion."

La complicité qui unit la chanteuse et le pianiste est très grande. "C’est Richard [Ring] qui me l’a présenté. Il vous fait sentir tellement à l’aise. Il devine là où je veux aller. Vous savez, la vie est faite de paliers. Oliver m’a aidée à atteindre un autre niveau, je l’appelle mon ange gardien." Comment voit-elle l’interprétation? qu’enseigne-t-elle à ses étudiants?: "L’interprétation doit s’appuyer sur les mots. Aussi, il va de soi que l’articulation doit être dans le bon ton. Il faut chanter juste, de la même manière que le pianiste joue la bonne note!" Ranee Lee s’est amenée à Montréal au début des années 70 et n’a jamais regretté sa décision: "J’ose croire que mon choix fut le bon. Richard, les enfants, mes 12 petits-enfants, les Québécois. Ceux-ci donnent réellement aux artistes une chance de se développer."

Le 9 juillet
Avec Oliver Jones
Au Théâtre Maisonneuve – PdA
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