Steve Swell : Chic and Swell
Le tromboniste Steve Swell, associé à l’avant-garde, intègre d’une façon exemplaire les découvertes des différentes générations de la musique free. Son œuvre est représentative de la musique improvisée à son meilleur.
Le tromboniste et compositeur Steve Swell participe de façon très active à la scène musicale du downtown New York. Il a une connaissance parfaite des différentes phases par lesquelles la musique free est passée, de ses principaux représentants: des musiciens ayant enregistré pour le label ESP (Frank Lowe, Perry Robinson), puis les Fred Anderson, Jemeel Moondoc et Tim Berne. Au début des années 70, il fait la rencontre du père du trombone free, celui qui a effectué de belle façon la transition du bop au free, Roswell Rudd: "J’ai entendu Roswell dès l’âge de 15 ans. Il m’a fait tomber en amour avec l’instrument. Le trombone peut exprimer tellement d’émotions: la joie, la colère, l’engagement politique." Au début des années 80, Swell fait son apprentissage en jouant dans de grands orchestres (Lionel Hampton, Buddy Rich) ou sur Broadway: "New York offre plusieurs choix, j’ai été exposé à différents genres de musique: la salsa, le reggae."
Au milieu des années 80, Steve Swell fait une rencontre déterminante, celle de Makanda McIntyre, qui va éveiller son intérêt pour la musique créatrice: "J’étais un peu résistant. Mais Ken dit les choses sans détour. Je me sentais sans direction particulière; il a fait sauter mes barrières. Il m’a fait saisir l’importance de trouver ma propre façon de faire de l’art." À partir du début des années 90, Swell fera partie d’un nombre impressionnant de formations: Philip Johnston’s Big Trouble, Tim Berne’s Caos Totale, Joey Baron’s Barondown, Little Huey Creative Orchestra, Lou Grassi’s PoBand, Jemeel Moondoc’s Jus Grew Orchestra. Il participera même à un projet le menant au Mali avec son vieux mentor Roswell Rudd et Barry Altschul. Ses propres groupes connaîtront différentes incarnations, en trio ou en quartette. Plus de 15 disques, dont les plus récents encensés par la critique: This Now (sur Cadence), Still in Movement (sur CMP), Invisible Cities (sur Drimaca), Slammin’ the Infinite (sur Cadence). Swell déploie une habileté technique incroyable. Sa musique intègre les innovations de tous les musiciens qui l’ont précédé et offre le côté écorché des musiciens du début des années 60, fortement enracinés dans le hard bop. Un savant mélange d’écriture et de musique spontanée. Invisible Cities, série de duos entre Swell et le clarinettiste Perry Robinson, est inspiré de l’œuvre de l’écrivain italien Italo Calvino, Les Villes invisibles. Sur Slammin’ the Infinite, Swell rend hommage à Jimmy Lyons, mais aussi à Frank Lowe: "Il s’est toujours débattu pour faire entendre sa musique, peut-être plus que les autres."
Steve Swell souligne en terminant l’importance de rester en contact avec la tradition: "Quand j’étais jeune, j’écoutais Coleman, Charles Tyler, mais aussi Dizzie Gillespie, Chet Baker. Alan Silva a grandi dans le be-bop. Même chose pour les musiciens européens avec qui il échange: Konrad Bauer, Marc Ducret. Ce que j’aime présentement à New York, c’est que les jeunes écoutent autant le dixieland ou Paul Gonsalves que Cecil Taylor." Swell s’amène à Montréal avec la formation explosive de son dernier disque: Sabir Mateen (saxophones, clarinettes), Matthew Hyner (contrebasse) et Klaus Kugel (batterie).
Le 8 juillet
Au Musée d’art contemporain de Montréal
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