Viktoria Tolstoy : La reine Viktoria
Musique

Viktoria Tolstoy : La reine Viktoria

L’œuvre de Viktoria Tolstoy témoigne bien de la vitalité du jazz suédois. La chanteuse présente un répertoire original constitué de standards de jazz, de chansons pop et de pièces issues de la tradition folklorique.

Le jazz suédois, à l’image de celui des autres pays scandinaves, jouit, depuis plus de 50 ans, d’une scène des plus dynamiques. Dans les années 50, plusieurs grands musiciens de jazz américains ont visité la Suède, comme Sahib Shibab et Stan Getz. Le classique de ce dernier, Dear Old Stockholm, remonte à cette époque. Peu à peu, les musiciens suédois prirent en charge leur héritage musical propre pour le situer dans le contexte plus général du jazz. Une première génération de créateurs de fort calibre apparut: Lars Gullin, Bengt-Arne Wallin, Borje Fredriksson.

Viktoria Tolstoy s’inscrit dans une riche tradition de chanteurs. Élevée dans une famille très ouverte à la musique, elle a littéralement toujours baigné dans le jazz. Depuis le début des années 90, elle a enregistré Smile, Love and Spice, White Russian (sur Blue Note), Blame It On My Youth et un album beaucoup plus influencé par le pop, For Asked To Love. La chanteuse s’explique: "Le jazz reste la base. Le jazz est pour beaucoup une question d’attitude." En 2004, elle fait paraître un disque consacré à la musique du pianiste Esbjorn Svensson, leader du fameux trio EST avec lequel elle s’est souvent produite, album qui s’intitule Shining On You. Comme sur le disque du trio Strange Place For Snow, très caractérisé par le funk et par le soul, par l’esprit d’Herbie Hancock et du début des années 60, le goût pour la chanson pop, celle des Leon Russell et Roberta Flack, apparaît: "J’aime les influences, les mélanges, aujourd’hui le hip-hop."

Tolstoy vient récemment d’enregistrer un album consacré à la musique suédoise, qui rend hommage à ses grands compositeurs et interprètes: My Swedish Heart. Certaines pièces appartiennent à tradition folklorique, univers que le musicien Ale Moller a beaucoup exploré: "Ces chansons laissent une réelle empreinte dans votre âme et dans votre esprit, rappelle la chanteuse. Ce sont des mélodies qui évoquent la nature, l’environnement." La plupart des pièces expriment une vive reconnaissance à l’endroit des musiciens qui ont contribué à donner au jazz suédois une identité. Tolstoy chante Jag Yet En Dejig Rosa, interprétée par Monica Zetterlund en 1964 sur un disque de Bill Evans: "Monica est décédée il y a quelques semaines. Ce fut un deuil national. C’était mon idole. Elle fut ma principale influence." Elle est entourée de deux des musiciens suédois les plus importants d’aujourd’hui: Lars Danielsson et Nils Landgren. Les textes, pour la plupart, sont écrits par son conjoint, Peter Holknekt, avec qui elle travaille de façon très étroite: "Le plus souvent, je lui fais part de mes sentiments, de mes rêves." Un très beau texte, Foreverly, dont elle dit que c’est "une chanson d’amour, où il est question de la peur de perdre l’autre", agit un peu comme un baume, réconforte. Elle interprète aussi des textes de Chan Parker et de Josh Haden, du groupe Spain.

Viktoria Tolstoy se présente à Montréal accompagnée d’un trio: un jeune loup du piano, Jacob Karlzon, Peter Danemo à la contrebasse, et Hans Andersson à la batterie.

Le 1er juillet
Au Club Soda
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