Musique

Albin de la Simone : Changera, changera pas

Albin de la Simone admet volontiers que ses chansons trahissent une certaine mauvaise foi. Étrangement, on en  redemande.

Albin de la Simone

est incorrigible. "Je vais changer", promet-il pourtant en ouverture de son nouvel album, allant, en guise d’assurance, jusqu’à en faire le titre de ce second disque en carrière. Mise en garde du dossier de presse: vous n’êtes pas obligé de le croire.

La précision est bien inutile, puisque dès la quatrième plage, l’oreille attentive aura tôt fait de remarquer que le Français s’y dédit: "Si je me bloque/si je me braque/Tu ne peux rien faire", y chante-t-il. Pour la volonté de changer, on repassera.

Albin de la Simone est donc incorrigible, et c’est très bien ainsi. Ses adorables vignettes musicales qui paraissent ne vouloir s’inscrire dans aucun courant, à cheval entre la vie rêvée et les petits cauchemars éveillés, on ne voudrait pas qu’il les change d’un iota. "Ces chansons, ce sont des questions que je pose, et auxquelles je réponds parfois avec un peu de mauvaise foi", admet celui qui s’est fait les dents en tant qu’arrangeur et accompagnateur de pointures majeures (Souchon, Murat et bien d’autres) pour précéder, et par la suite ponctuer, ses expéditions en solitaire. "J’y ai appris beaucoup, mais comme accompagnateur, on est un peu moins exposé, alors qu’en tant que chanteur, là, c’est une forme d’exposition un peu extrême. Après, il y a une sorte de personnage de scène, comme pour M si vous voulez, mais le mien me ressemble plus. Il fait le tri dans ce que je raconte, c’est lui qui fixe les limites."

Décalage dans le ton qui n’est pas sans rappeler un Pierre Lapointe, surprenante facilité à jongler d’une main avec l’autobiographie d’une pièce comme Non merci et, de l’autre, avec la poésie surréaliste d’Il pleut dans ma bouche ou de Je te manque: le "personnage" d’Albin de la Simone passe de la névrose au triomphe, du repli sur soi à l’ouverture au monde, et ce, sans effort apparent. Albin qui rit, Albin qui pleure, Albin qui rêve, il y a là trop d’authenticité pour qu’on croie au jeu. Ces chansons, ce sont souvent des aveux, parfois même d’une troublante impudeur lorsqu’on s’y arrête un peu, les limites fixées par le personnage se faisant plutôt évanescentes.

"J’aborde des thèmes qui sont importants dans ma vie, et je pense que je ne suis pas complètement seul [à me sentir ainsi], alors je les raconte aux autres. Ce sont des constats que je partage", expose-t-il en riant, amusé par la douce confrontation de l’entretien.

"Mais rassurez-vous, conclut-il, je découvre ce que j’ai envie de découvrir."

Ce qu’évidemment, vous n’êtes pas non plus obligés de croire.

Le 10 juillet à 16 h 30 et le 11 juillet à 21 h 30, avec J.P. Nataf
À Place Metro (place D’Youville)
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