Bénabar : Goguenard Bénabar
Le Français Bénabar débarque enfin au Québec pour y présenter ses drôles de chansons, tantôt hilarantes, tantôt tendres, à la manière d’un Pierre Perret moderne, mais toujours en fanfare.
"Je ne suis jamais venu au Québec. Même pas en vacances, c’est honteux!" s’exclame Bénabar au téléphone. De l’autre côté de l’océan, il travaille actuellement à son troisième album solo; on le surprend à pianoter quelques mesures pendant qu’on l’attend. Il arrive, jovial, courtois, heureux de partager enfin ses créations avec le public québécois.
Une compilation (Couche-tard et Lève-tôt) faite pour le Québec est parue cette année, mais Bénabar espère davantage: "A priori, les deux albums entiers [Bénabar, 2001; Les Risques du métier, 2003] doivent sortir chez vous. Je trouve ça intéressant d’avoir les disques originaux, parce qu’il y a des chansons qui peuvent être un peu mineures mais qui permettent de mieux comprendre l’ensemble." L’auteur-compositeur-interprète demeure humble: "J’assume toutes les chansons, même si je reconnais qu’elles ne sont pas forcément impérissables." Et pourtant, il écrit d’admirables portraits, de petits scénarios fantastiques de trois minutes, tendres, drôles ou légèrement subversifs, sur fond de piano, d’accordéon et de fanfare. Goguenard Bénabar: "J’ai appris la trompette dans une école de musique de quartier, vers huit ans. J’avais un prof qui était un ancien militaire, ce qui explique peut-être un peu ma musique d’aujourd’hui, la finesse de mes compositions!" s’esclaffe-t-il.
Malgré ses talents de chanteur, Bénabar est à l’origine un auteur: "L’écriture m’a toujours intéressé, tout ce qui tourne autour du scénario. J’ai beaucoup écrit pour des courts métrages, ensuite des trucs pour la télé. Et petit à petit, j’ai basculé dans la chanson; au début, ce n’était que pour écrire des textes, ensuite la musique, puis j’ai eu envie de les chanter. Mais sans aucune ambition, dans le bistrot en bas de chez moi. Et j’y ai pris goût. C’est la scène qui m’a donné envie de poursuivre pour aller vers le disque." Il a passé cinq ans, avec son groupe Les Associés, à galérer, avant de connaître le succès qui aujourd’hui le propulse sur les grandes scènes françaises. Un double album en public, hélas non disponible chez nous, est paru l’an dernier. On peut y entendre Bénabar en duo avec celui qui l’a souvent épaulé en l’invitant en première partie de ses spectacles, Henri Salvador, ainsi qu’un duo avec Michel Delpech, le créateur de Pour un flirt et de Quand j’étais chanteur. "C’était pour rendre hommage à toute cette variété que j’aime bien, très sincère, souvent bien écrite. J’aime beaucoup ces chansons-là des années 70, la variété à pattes d’éléphant!"
Pas question d’étiqueter la musique de Bénabar "nouvelle chanson française". Il avoue candidement: "Il n’y a pas vraiment de nouveauté dans ce que l’on fait, c’est la continuité de ce qui se fait depuis 50 ans." Bien sûr, mais avec une telle finesse d’écriture et un humour si rafraîchissant qu’il est difficile de lui résister. Fanfare ou non.
Le 14 juillet à 21 h 30
À Place Metro (place D’Youville)