Billy Talent : Les incorruptibles
Le véhément quatuor Billy Talent cumule fans et distinctions avec son premier album, s’apprêtant à en graver le très attendu successeur. Mais les jeunes Torontois ne le feront pour satisfaire personne d’autre qu’eux-mêmes.
Après d’intensives tournées aux quatre coins du globe, la récolte de deux Juno (album et groupe de l’année) et la récente obtention de deux MuchMusic Video Awards (meilleur vidéo et meilleur vidéo rock pour River Below, réalisé par Sean Michael Turrell), les membres de la formation canadienne Billy Talent s’offrent bien peu de répit. Benjamin Kowalewicz (voix) et ses acolytes Ian D’Sa (guitare), Jon Gallant (basse) et Aaron Solowoniuk (batterie) s’affairent par les temps qui courent à l’écriture de leur prochain album. "On y travaille quotidiennement; on commence l’enregistrement vers la fin août", explique Benjamin, se disant emballé par les nouveaux riffs de Ian, géniteur premier des pièces du groupe. "Il est en train d’écrire les meilleures chansons qu’il ait jamais écrites! Il se surpasse vraiment!" assure-t-il, confirmant Gavin Brown (The Tea Party, Danko Jones) au poste de réalisateur, comme ce fut le cas pour le prédécesseur éponyme (Atlantic, automne 2003).
Un premier album si apprécié que les dirigeants d’Atlantic se seraient montrés impatients de mettre la main sur une nouvelle fournée de chansons, souhaitant en précipiter l’enregistrement. Kowalewicz acquiesce. "Oui, tu as toujours ces sales rapaces qui te poussent dans le dos en disant: "Allez! Il faut un autre disque, on a besoin d’argent! – Oui, eh bien, vous savez quoi? Vous allez vous asseoir tranquillement sur votre petit cul et fermer votre putain de gueule parce qu’on va vous donner le disque lorsqu’il sera prêt!"" rétorque le chanteur et parolier, rappelant ce vieil adage stipulant qu’un groupe a toute la vie pour écrire son premier disque et à peine six mois pour écrire le second. "Pourquoi?" dénonce-t-il. "C’est pour ça que tant de deuxièmes albums sont si mauvais!" La formation est donc restée ferme et a décidé de prendre tout le temps nécessaire. "Parce qu’au bout du compte, les compagnies de disques trouveront toujours le moyen de faire de l’argent et de développer des nouvelles stratégies de marketing pour s’enrichir. Mais pour nous, c’est une petite "fenêtre d’opportunité" dans notre vie, celle de pouvoir créer de la musique de qualité qui, espérons-le, résistera à l’épreuve du temps. Alors on ne laissera personne compromettre notre intégrité et tout ce qu’on a toujours voulu faire comme musique…"
Cette musique idéale, Kowalewicz peine à la définir mais en entrevoit l’ultime objectif. "Difficile question. Je ne veux pas être cliché, mais tu sais, ces moments où tu es seul, conduisant ta voiture, ou peut-être avec quelques amis, puis qu’une musique surgit et change complètement le moment et l’ambiance, puis que tout le monde se met à chanter ou à danser, puis que tu montes le son et hurle à pleins poumons? Ou bien quand t’as le cœur complètement brisé, que t’en as marre de cette journée, de ta vie, et de tout ce qui se passe autour de toi, puis que tu mets une chanson qui "connecte" avec toi d’une façon si intense que soudainement, t’as des larmes dans les yeux et que tu ne peux l’expliquer? Voilà ce qu’on recherche…"
Le 15 juillet à 21 h 30
Sur la scène Bell (plaines d’Abraham)