Charlélie Couture : Peintre en exil
Charlélie Couture, influent rockeur littéraire et peintre infatigable, quitte un moment ses chevalets pour le premier d’une série de concerts.
"Hello!?" C’est sur le ton d’un cow-boy moderne que répond Charlélie Couture, qui séjourne désormais avec sa famille sur la 58e à New York. Compagnon spirituel de Gérard Manset et d’Alain Bashung par la poésie qu’il a su insuffler au rock français, l’homme est en fait déjà loin de ses premières expériences dans cette ville carrefour, où il enregistra dès 1981 les Poèmes rock. Ce n’est pourtant que récemment qu’il a vraiment épousé New York, dans le but, cette fois, de vivre de sa peinture – art qu’il pratique depuis aussi longtemps que la musique.
Alors que son plus récent disque (Double Vue) est enfin offert en copie "domestique", c’est chez nous que Charlélie amorce un court hiatus le faisant parcourir quelques villes avec ses chansons. Après quoi, il retournera prestement à ses pinceaux et à ses toiles. "Je suis exilé pour l’art, explique-t-il à l’autre bout du fil. En France, j’avais l’impression de ne plus pouvoir faire mon métier, ni celui de musicien ni celui de peintre. Côté musique, j’avais l’impression d’être formolé dans une vision de moi un peu caricaturale en tant que chanteur de rock des années 80, alors que côté peinture, je me sentais toujours comme un intrus venant d’un autre univers. Les galeries d’art me toisaient et jetaient sur moi un regard un peu méprisant, sans vraiment savoir qui je suis, par principe. Mais je suis loin de me plaindre. De toute façon, rien n’est jamais acquis pour personne."
Intitulée Celles qui ne faneront jamais, la récente exposition de Couture peintre exploite le contraste entre la quiétude de son atelier et les métamorphoses new-yorkaises. C’est ce même contraste qui ressort de Double Vue, album où les singuliers monologues nasillards de Charlélie se frottent à des ambiances programmées, sans oublier d’inséparables guitares acoustiques et électriques, un peu de piano et des cuivres.
"Ce disque a été produit par un jeune mec de 24 ans, Dombrance, qui m’a permis d’apporter une nouvelle touche à mon travail, tout comme ces autres musiciens rencontrés sur Internet et qui peuplent ces pièces. C’est la première fois que j’écris ainsi sur la musique des autres. C’est une des facettes de cette double vue, double vie; double regard qui permet de mieux voir au travers des choses."
Malgré l’humour qui le quitte rarement, l’artiste ne dissimule pas son amertume devant la superficialité crasse des radios et des télés, dont il a senti la résistance par rapport à son évolution personnelle. D’où cette impulsion de fuir l’image fermée qu’on lui renvoie de lui-même: "Ici, à New York, je suis dans un vrai anonymat, ce qui me permet de prendre un nouveau départ et de me consacrer exclusivement à la peinture. J’avais spécialement envie de me lancer dans cet endroit, la plus grande ville du monde qui ait pour l’art un respect proportionnel à ce qu’on accorde à l’image plutôt qu’au mot. New York est une ville d’images, alors que les Français sont un peuple de mots, qui se régale autant de la poésie que du baratin. Les Américains ont une vision plus directe et spontanée du monde, pour le meilleur et pour le pire."
Le 10 juillet à 21 h 30
À Place Metro (place D’Youville)
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