Jennifer Larmore : La voie tracée de Larmore
Musique

Jennifer Larmore : La voie tracée de Larmore

La mezzo-soprano américaine Jennifer Larmore se joint à l’Orchestre symphonique de Québec, sous la direction de Yoav Talmi. Passion Rossini!

Au faîte d’une carrière, adulée, Jennifer Larmore continue d’envoûter par ses talents de colorature et s’affirme de plus en plus comme une spécialiste "rossinienne" hors norme. Dans un programme Rossini, Mozart et Bizet, l’art lyrique nous sera dévoilé par la force mélodique, caractéristique de ces trois compositeurs, de ces acteurs fondamentaux de l’évolution du bel canto. Un récital que porte dans son cœur Jennifer Larmore, qui s’emploie aussi à un dépoussiérage minutieux des opéras de Gioacchino Rossini (1792-1868). "Plusieurs personnes ne savent pas qu’il a composé plus de 30 opéras, souligne-t-elle. Même les mélomanes les plus aguerris ne peuvent nommer que trois ou quatre de ses opéras. Au XIXe siècle, le style de chant typique de Rossini s’est éteint avec la mort d’Isabelle Colbran, cantatrice très populaire à l’époque, et conjointe de Rossini. C’est un répertoire peu connu du grand public, plus exigeant que vous ne pourriez l’imaginer. Cela veut dire encore plus de concentration et d’étude de ma part pour donner une seconde vie à ces pièces rares, au lieu de me concentrer uniquement sur les personnages de Rosina et d’Isabella. J’apprécie malgré tout le répertoire standard de Rossini, mais quand même… quel plaisir d’avoir tout ce répertoire méconnu à ma disposition! Papa Rossini a été très bon pour moi!"

Rossini, soit. Mais là ne s’arrêtent pas les champs d’activité de la mezzo-soprano. Elle cultive un intérêt particulier pour la musique américaine avec son complice de longue date, le pianiste Antoine Palloc. Elle poursuit ainsi une recherche minutieuse dans le créneau des chansons américaines, jusqu’à certains compositeurs contemporains tels que Tobias Picker avec l’opéra An American Tragedy, auquel elle collaborera lors de sa création au Metropolitan Opera de New York cet hiver. Constate-t-elle un intérêt plus spontané du public américain pour son propre répertoire, en marge des Gershwin et Bernstein? "Nous avons une expression aux États-Unis qui dit: "Les Européens ne jouent pas au baseball et les Américains ne vont pas à l’opéra", cite Jennifer Larmore. Malheureusement, il y a beaucoup de vérité dans cette expression. Les Européens sont plus ouverts au nouveau répertoire musical et beaucoup plus au fait de leur propre héritage culturel. Ils sont exposés à la musique classique très tôt, dans leurs foyers, à l’école… Même les plus grands festivals de jazz n’ont pas lieu à La Nouvelle-Orléans, mais plutôt à Amsterdam, à Berlin et à Édimbourg!"

Cette conscience de la réalité musicale pousse même Jennifer Larmore à se commettre à titre de chroniqueuse musicale. "J’ai le sentiment que les jeunes interprètes n’ont pas une vitrine appropriée pour exposer leur talent, explique la mezzo-soprano. Par la radio, je tente d’en aider quelques-uns et je leur donne accès à des cours de maître afin de les conseiller. Faire un livre sur la profession est un projet que je cultive depuis longtemps. Mais pas pour tout de suite, j’ai une autre passion prioritaire…"

Le 14 juillet à 20 h 30
À la Salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre