Ojos de Brujo : Furia flamenca
Musique

Ojos de Brujo : Furia flamenca

Bari d’Ojos de Brujo: s’il y a un disque qui a remué nos platines laser lorsqu’il est arrivé, il y a presque deux ans, c’est bien celui-là. La horde catalane électrifiée débarque au Québec pour un passage éclair. Arriba! Arriba!

Il est minuit passé à Barcelone et Max, le percussionniste d’Ojos de Brujo, décroche le téléphone comme s’il était midi pile. Normal: le concert vient de se terminer et la bande a de l’énergie à revendre. Et puis, on est à Barça. Donc la nuit est jeune.

"Barcelone, c’est le pont; c’est la base. C’est une ville qui est en train de grandir avec l’immigration; ça apporte des idées. Les gens viennent de l’Afrique noire et de l’Afrique arabe, de tout le littoral méditerranéen, des Caraïbes… et ça se mélange. C’est donc là précisément que se sont rencontrés tous ces différents musiciens: Andalous, Cubains, Colombiens. En plus, médiatiquement, il y a un fort intérêt ici pour les nouvelles propositions."

Il oublie de nous dire qu’on entend aussi des rythmes carnatiques de l’Inde dans l’extraordinaire Zambra et qu’il y a des platines qui scratchent partout sur scène pendant que la furie s’empare de la troupe en folie. Effets beat box, ragga jamaïcain, vieilles rumbas, rien n’est étranger à cette bouillabaisse espagnole qu’ils ont rebaptisée "jip jop flamenkilla", en référence à une musique de rue, à la fois hip-hop moderne, politiquement engagée et pourtant typiquement flamenco.

"Ojos de Brujo n’était vraiment pas pensé pour être un groupe, on voyait ça plutôt comme un collectif. On ne pensait pas faire un disque, on voulait juste se rencontrer, jammer, danser, faire des graffitis partout. Plus dans un esprit d’artistes. C’est devenu un foyer et une étiquette, La Fabrica de colores ("la fabrique de couleurs"), qui donne la chance à des amis de s’exprimer. Mais c’est surtout un groupe qui change…"

Toujours est-il que la réputation du groupe s’est répandue comme un virus bénéfique, et surtout, Ojos n’a pas manqué d’enflammer les scènes partout sur son passage. Cette horde de fous déclenche un véritable happening autour d’une chanteuse incandescente en costume traditionnel. Et il y a quelque chose de littéralement irrésistible dans ce tour de magie, cette ambiance foraine qui ensorcelle. D’où cette intrigante appellation qui leur sert de nom de code: Ojos de Brujo signifie "les yeux du sorcier".

"Ces yeux-là regardent plus loin et surtout, ils voient tout; ils scrutent la réalité. C’est un nom proposé par plusieurs au tout début, qui a été choisi et approuvé démocratiquement. D’abord parce qu’il reste vraiment dans l’esprit du flamenco et puis parce qu’il exprime notre désir de justice sociale, notre manière de voir la vie."

Le nouvel album, que le groupe va finir d’enregistrer après sa tournée, n’a ni titre ni thème précis, mais le public de Québec aura un peu la primeur des nouvelles créations qui s’y retrouveront. Max m’affirme que la bande de musiciens a hâte de nous visiter. Car s’ils ont brassé pas mal les États-Unis, ils ne sont jamais venus au-delà du 48e parallèle. Bienvenido amigos!

Le 7 juillet à 21 h 30
À Place Metro (place D’Youville)
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