Calexico : La dérive des sens
Musique

Calexico : La dérive des sens

Si la formation Calexico en vient à dompter les fantômes du studio Wavelab, l’expérience acquise en tournée ces dernières années permet désormais au groupe de les inviter sur scène. Leçons de charme avec Joey Burns, maître d’incantation.

Le même phénomène s’était produit en octobre 2003, peu avant le passage de Calexico à la Salle Multi. À l’époque, le batteur John Convertino nous avait confié les secrets de Wavelab, studio hanté de Tucson où le groupe conçoit l’essentiel de ses enregistrements. Cette fois encore, il vente en Arizona, d’un air que l’on devine brûlant, chargé d’on ne sait trop quoi. Mais une vingtaine de lunes plus tard, c’est la voix alanguie du guitariste-chanteur Joey Burns qui rend compte de l’aridité et de la vastitude silencieuse des environs. Après avoir discuté avec Convertino des sessions de Feast of Wire (Quarterstick, hiver 2003), on cause avec Burns de magie scénique, telle qu’observée sur le DVD en concert World Drifts In, capté au Barbican de Londres et lancé l’été dernier. "Je pense que c’est une question d’écoute", estime le natif de Montréal, ayant passé sa jeunesse entre Toronto, Los Angeles et enfin Tucson. "Il faut écouter puis essayer de rendre ça beau. John en parle souvent; il faut avoir certains paramètres d’esthétiques et de styles que tu aimes, ou qui semblent bien connecter avec ce que tu es. C’est intéressant de voir comment tout ça se retrouve ensemble, à plusieurs musiciens… La sensation sur scène en est une d’extrême joie, celle d’être tous là ensemble, d’écouter, et de voir où les possibilités peuvent nous mener. C’est pour ça qu’on est là, je suppose: pincer les cordes des guitares, trouver un sens à la vie…"

Né sur un ruban de répondeur, le son de Calexico s’est d’abord et surtout développé autour du duo Burns-Convertino, dont la chimie inouïe se révèle à merveille sur les planches. "Ça fait 15 ans qu’on joue ensemble; on a établi des rapports et un vocabulaire musical particuliers, assortis d’une bonne communication. C’est vraiment l’accord des contrastes, nourri à fortes doses de café et de nuits blanches! Puis on essaie d’évoluer en suivant notre instinct et notre intuition…" En plus d’élargir sa palette sonore ces derniers temps (les parfums jazz et indie-pop sur Feast of Wire et Convict Pool EP recelant d’étonnantes interprétations, telle Alone Again Or de Love; de multiples collaborations incluant Neko Case et plus récemment Iron & Wine, dont le résultat paraîtra cet automne), Calexico accentue sa dimension collective, notamment sur le nouveau disque en préparation, impliquant le réalisateur J. D. Foster. "C’est bien d’avoir tout le groupe avec nous en studio puisqu’on est vraiment devenus un groupe ces dernières années; l’alignement a été assez constant…" La touche des complices Paul Niehaus (pedal steel), Volker Zander (contrebasse), Jacob Valenzuela et Martin Wenk (cuivres, claviers, percussions, etc.) risque donc d’être encore plus tangible sur le prochain recueil. "Ça sera peut-être un peu plus up beat, avec un plus grand spectre dynamique, avec des chansons parfois plus douces, mais aussi plus fortes que sur le dernier album. Mais ça reste à voir puisqu’il reste encore beaucoup de travail… On espère le sortir au printemps 2006."

Le 17 juillet à 21 h 30
À Place Metro (place D’Youville)
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