Voir du pays: Vincent Vallières : Comme dans l'temps
Musique

Voir du pays: Vincent Vallières : Comme dans l’temps

Début juillet 1994. J’ai 16 ans et un permis de conduire. Je viens à peine de terminer mes études secondaires et je flâne mes vacances en me remettant tant bien que mal de la brosse infernale de l’après-bal. En attendant d’entrer au cégep en administration (je suis promis à une brillante carrière de gérant d’entreprise), mon temps est partagé entre ma guitare, ma blonde et ma job de bagger au Super C. Je traîne dans la piscine familiale le jour, et le soir je bois de la bière au parc, doux houblon fièrement sorti du dépanneur chez Ti-Nomme par Boulé grâce à son poil au menton et un shaggy plutôt précoce.

Je joue presque quotidiennement avec mon band, The Money Drifters, et nous répétons dans le garage des parents à Pruneau. Déchiré entre mes deux héros de l’époque – John Lennon et Paul Piché -, je m’époumone devant un micro qui fuzze en égrainant quelques notes maladroites sur ma nouvelle guitare électrique. Je suis flanqué du p’tit Gasse à la basse qui se prend pour Geddy Lee, de Pizz Lacroix à la batterie qui bûche comme John Bonham, et de Médget Pruneau qui ne peut être personne d’autre que lui-même puisqu’il joue du saxophone alto. Pendant que le soleil se couche tranquillement sur Fleurimont, nous cassons joyeusement les oreilles du voisinage et, entre deux chansons, nous discutons de notre éventuelle percée sur la scène internationale.

J’ai passé l’été sur une balloune.

ooo

Dix ans déjà. Et chaque fois que l’été se pointe, chaque fois que nous reprenons la route des festivals, je ne peux faire autrement que me remémorer cette glorieuse époque avec la conviction profonde que j’ai toujours 16 ans. D’une certaine façon, la musique et la route m’auront gardé à l’abri de l’usure et de toutes les saloperies qui viennent avec (m’auront empêché de devenir cynique avant le temps). Le voyage continue. Quelque part entre l’Abitibi et la Gaspésie, je roule entre le rêve et la réalité. Et le ciel brille. Comme dans l’temps.

Bon été!

Vincent Vallières