Mino Cinelu : Le beau risque
Musique

Mino Cinelu : Le beau risque

Mino Cinelu, après une performance spectaculaire dans le quartette du pianiste cubain Omar Sosa au Kola Note l’hiver dernier, nous revient en solo. Dialogue avec un artiste complètement allumé.

"Je cherche la connivence, répète le prodigieux musicien martiniquais. Entre musiciens, bien sûr, mais plus encore dans le rapport direct entre l’homme sur scène et son public. C’est la clé, l’essentiel."

Je le croyais à New York mais c’est au bout d’un portable français que je le joins en Europe. Mino a toujours cette voix douce qui chantonne sur un ton presque monocorde comme s’il était un peu ailleurs, tout en parlant de choses qui le passionnent absolument.

"Je viens de terminer un duo avec Michel Portal, explique-t-il, et je rentre à New York samedi. J’ai aussi tourné avec Omar Sosa en duo, on a même enregistré. Juste avant, j’avais un trio flamenco avec deux guitaristes et chanteurs yougoslaves. Au Japon, j’ai présenté un spectacle en solo dans lequel je joue des percussions, de la guitare et où je chante. C’est ce que vous allez voir pour la première fois à Montréal. J’utilise aussi un peu d’électronique, mais c’est surtout que j’aime plonger littéralement dans des trucs."

Bondissant comme un fauve d’une aventure musicale à une autre, Mino est une vraie bête de scène, un animal qui carbure totalement à l’instinct, toujours prêt pour une prise de risque maximale, pour un saut dans le vide. De plus, il est du genre à triper quand il n’y a pas de filet. Et pour cause! Formé à l’école de Miles Davis qui le recrute au début des années 80, c’est chez Weather Report et avec Sting qu’il poursuit ses expériences avant d’entamer une carrière avec le World Trio où il est flanqué de Dave Holland à la contrebasse et Kevin Eubanks à la guitare. Puis il enregistre un premier album solo "à la maison", où il joue de presque tous les instruments.

En 2001, Mino visite le Festival de Jazz avec une formation expérimentale composée du guitariste Mike Stein, du bassiste Etienne M’Bappé et d’un D.J. Il revient l’année suivante aux Francos dans le cadre de la fête antillaise et se paye le Théâtre St-Denis puis une tournée dans le Québec profond avec Marc Déry et Daniel Bélanger à qui il a appris à chanter son seul hit, Confians – en créole dans le texte.

"Ça dépend des occasions. Il faut se forcer à essayer d’autres choses, sans quoi on se fige dans l’ennui."

Certains le prennent pour un opportuniste mais Mino est le catalyseur, l’homme des rencontres. Le genre qui croit que la collaboration la plus risquée, le show qui demande le plus d’effort peuvent ouvrir sur les avenues les plus créatives. Voilà pourquoi il habite Brooklyn. "Parce que tout est ouvert, dit-il. Et puis il y a tellement de contacts avec les musiciens à New York." Ce qui ne l’empêche pas d’avoir coréalisé le dernier album de Bernard Lavilliers – son succès le plus concluant chez nous depuis des années – ni de se lancer à fond dans le troisième disque d’une chanteuse algérienne qui n’est pas inconnue ici.

"On a fait les maquettes avec Bernard à New York et au Brésil, puis on est revenus à Brooklyn. Il résidait chez moi. Mais connais-tu Souad Massi? On travaille sur son nouveau disque, c’est vraiment intéressant."

Et il s’excite, et il se pâme. Visiblement, Mino n’a pas changé. On va avoir un drôle de bon show.

Le 18 juillet
Au Kola Note
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