Richard Desjardins : Terminus
Musique

Richard Desjardins : Terminus

Richard Desjardins termine sa tournée Kanasuta à Sherbrooke, dimanche, en conclusion de la Fête du lac des Nations. Après ce spectacle, on risque de ne pas le revoir sur scène avant un bon bout de temps.

Richard Desjardins en est à ses derniers milles avec la tournée Kanasuta, qui totalise près de 90 représentations. Après le spectacle au Parc Jacques-Cartier, le chanteur prendra une pause de la scène, qui pourrait s’étirer durant quelques années. C’est qu’il a décidé de se consacrer à la question forestière avec l’Action boréale, un organisme créé en 2000 après le débat public engendré par le film L’Erreur boréale. "Le monde de la musique et mon implication sont deux affaires assez exigeantes. Je ne veux pas faire à moitié l’un et à moitié l’autre", explique-t-il au bout du fil.

La tournée Kanasuta se termine donc dans le même coin de pays où elle a commencé. La première du spectacle a eu lieu au Vieux Clocher de Magog, lors d’une mémorable soirée de février où une panne d’électricité avait bien failli faire annuler le show.

Pour la tournée, Desjardins a réuni un "orchestre en or", comme il le dit: le contrebassiste Normand Guilbeault, le guitariste Claude Fradette, l’accordéoniste Didier Dumoutier et la violoniste Marie-Soleil Bélanger. "Le premier critère, c’est qu’il fallait que ce soit de bons improvisateurs, observe-t-il. Ce sont des musiciens très versatiles et fiables. Comme je les ai approchés un peu d’avance, j’ai pu obtenir leurs services, car ils sont très en demande." Les superbes arrangements du spectacle sont la résultante du travail de tout un chacun.

Desjardins n’angoisse pas de se tenir loin des planches pour quelque temps. "Quand je suis quelques mois sans monter sur scène, on dirait que j’ai jamais fait ça, dit-il. C’est jamais ben, ben normal de se retrouver sur une scène devant 4000 ou 5000 personnes."

Avant de se retirer complètement, il fera un tout dernier concert à Trois-Rivières avec le chef Gilles Bellemare, qui a orchestré ses chansons en version symphonique. Le spectacle a d’ailleurs obtenu un grand succès au Festival d’été de Québec, où il a été présenté à deux reprises au Grand Théâtre. "C’est un privilège pour un chanteur, surtout avec la qualité d’arrangements de Gilles Bellemare, remarque Desjardins. Souvent, c’est du beurrage d’accords, des grands sustains… Gilles Bellemare a pris un an pour instrumentaliser tout ça. C’est incroyable. C’est tellement beau!"

DOSSIER CHAUD

Quand on le questionne sur l’île René-Levasseur, l’un des dossiers chauds en matière de foresterie québécoise, le poète-chanteur appuie sans conteste les autochtones dans leurs revendications. "Je trouve que les Innus ont parfaitement raison. Le gouvernement du Québec n’a pas l’air à comprendre que c’est incontournable de négocier avec les autochtones. Depuis 1982 que ça dure… Quand il y a eu rapatriement de la Constitution, ils ont reconduit la réalité des droits autochtones sur leur territoire. Et ça n’a pas l’air à avoir été compris ici. Y a fallu qu’une juge leur explique l’affaire. Mais ça n’a pas l’air d’avoir suffi, car ils sont allés en appel. Pour eux, c’est facile d’aller en appel avec l’argent public…" Il se questionne aussi sur la compagnie forestière, Kruger, une entreprise familiale privée, qui garde ses résultats financiers confidentiels. "On ne sait pas combien ils font à même la ressource publique!" Décidément, la "sabbatique musicale" s’annonce bien remplie.

Le 17 juillet à 22 h 30
À la Fête du lac des Nations
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