Jean-Philippe Barrette : Franc tireur
Jean-Philippe Barrette fait son petit bonhomme de chemin dans la région depuis quelque temps déjà, se faisant de plus en plus d’adeptes avec sa bouille d’entêté sympathique.
Jean-Philippe Barrette
se confond dans une vague de chansonniers qui tentent de laisser leur marque. Mais contrairement à tous ces autres qui évoluent dans l’ombre, Jean-Philippe a décidé de se montrer la bout du nez et il n’est pas prêt de remballer ses humeurs et sa musique!
Initié au piano en bas âge, il agrippe la guitare sèche à l’adolescence pour ne jamais la quitter. Sacré Coup de cœur Musique en nous au concours Tout nouveau tout show en 2002, le timide auteur-compositeur-interprète s’inscrit ensuite au DEC en guitare jazz au Cégep Lionel-Groulx pour perfectionner son art. "Ça a été un late call. À 17 ans, je n’avais pas beaucoup d’expérience de guitare dans le soulier, alors j’ai travaillé fort. Je pratiquais cinq heures et demie par jour en plus de mes cours. Je suis sorti de là brûlé." La motivation dans le tapis, mais le vague à l’âme, Barrette s’installe à Montréal pendant quelques mois avant de se décourager: il n’a plus de gig où jouer, ne sait plus où il s’en va. "Déjà que je suis quelqu’un de moody dans la vie, je me suis claqué une sale déprime". Il revient donc dans sa région natale et joue pour différents groupes jazz, country et folk – La Tuque Bleue, notamment -, mais parce qu’il s’"obstine" toujours avec les autres membres, il décide finalement de faire cavalier seul. Depuis, il gère tous les aspects de sa carrière. "Je suis un control freak sur bien des affaires. Je vérifie tout. Jusqu’à la vente de mes t-shirts lors des spectacles. (Rires.) Mes amis me trouvent fatigant", raconte l’artiste à l’allure bohème, les cheveux noirs bouclés, noués sur la nuque.
Après s’être fait connaître au fil de ses spectacles, une rumeur monte dans la région; on lui vante son magnétisme et sa fougue sur scène, on s’identifie à ses textes… En décembre dernier, il met finalement le fruit de son labeur en disque: Cours dans ta vie voit le jour, sous la supervision d’Yves Savard (Laurence Jalbert, Chloé Sainte-Marie). Ce premier opus témoigne bien de sa personnalité complexe; faisant état de ses différents questionnements existentiels et dénonçant les absurdités. Il critique l’industrie musicale (Y a des gens qui me disent), se questionne sur l’ignorance (Les Schizos), a peur de vieillir (J’interroge), traite de son insociabilité (J’ai pas de diplômes), espère un jour se venger des bons à rien (J’espère qu’un jour), le tout sur fond de musique jazz-folk.
Un premier CD qui lui servira de "carte de visite pour les compagnies de disques", même si le retour d’appel se fait toujours attendre…
Il continue néanmoins à travailler à la création de son prochain album: "Je lis beaucoup ces temps-ci: du Brel, du Lelièvre, les textes de Reggiani, de Moustaki… Je veux miser davantage sur les textes pour le prochain, pour qu’il y ait un développement logique des choses. Et nuancer l’énergie, que ce soit plus ambiant aussi", note l’artiste, ajoutant que le son sera plus rock avec une touche de country et de swing. "La chanson française m’attire pour les mots, mais moins pour l’ambiance musicale. J’aime bien quand ça groove, quand c’est viscéral. Je ne suis pas vraiment un rockeur, mais je suis plus influencé par la musique nord-américaine que française."
Et pour se permettre de vivre de son art, Jean-Philippe Barrette donne à temps perdu des cours privés de guitare. "Ça me permet de ne pas trop m’éloigner de la base. Mes étudiants m’amènent à aller plus loin, à faire de la recherche. Je ne suis tellement pas un organisé!" Mais il essaie avant tout de transmettre sa passion pour son instrument. "Je crois que j’y arrive plutôt bien. Je ne suis pas un naturel, moi, dans la musique, j’ai travaillé fort pour me rendre où je suis, aussi bas que ça puisse être. Je l’ai pratiqué, mon instrument! Et j’essaie de garder une vision ouverte, de me baser sur les goûts de mes élèves", remarque-t-il. Pas si mal pour un pauvre musicien qui "rasait les murs" il n’y a pas si longtemps au cégep!
Le 26 juillet à 19 h 30
À la place de la Francophonie
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