Ricardo Lemvo : Ricardo au Congo
Musique

Ricardo Lemvo : Ricardo au Congo

Le chanteur Ricardo Lemvo confronte la musique cubaine et ses racines africaines depuis plus de 10 ans et réactualise ainsi la rumba congolaise, festive à souhait et pleine d’énergie.

Musicien américain d’origine congolaise, Ricardo Lemvo a passé son enfance à Kinshasa, la capitale du Zaïre (l’ancien Congo). Il est exposé très jeune à la musique cubaine, très populaire au Congo dans les années 60. On peut l’entendre partout: à la radio, dans les bars. En 1972, dès l’âge de 15 ans, Lemvo rejoint son père à Los Angeles. En 1995, il donne une forme concrète à un projet qu’il caresse depuis longtemps, celui d’avoir son propre orchestre: "Le travail de Makina Loca est la ré-africanisation de la musique cubaine. Je suis les pas des grands pionniers de la musique congolaise comme Franco. Ces musiciens cherchaient à incorporer les rythmes cubains dans la musique congolaise. Ils ont créé ce qu’on appelle la rumba congolaise."

La rumba congolaise mélange plusieurs éléments: "Essentiellement, c’est la fusion du son montuno et des rythmes africains. La rumba congolaise se distingue du son par l’instrumentation (le rôle du piano est confié à la guitare; du côté des cuivres, il n’y a pas de trompette mais plutôt du saxophone), par la langue utilisée (dans le son cubain, c’est l’espagnol, dans la rumba congolaise, c’est le lingala), par l’influence du jazz américain et par le recours à de nombreux rythmes ouest-africains." La forte empreinte du jazz s’explique par la présence de musiciens belges: "Tous les Congolais ont été influencés par le jazz. Dès 1935, Bruxelles et Léopoldville (Kinshasa) étaient reliées par deux vols/semaine sur Sabena. Au moment où la musique congolaise prenait forme, le saxophone était partout."

C’est vers 1995 que Ricardo Lemvo décide d’enregistrer un premier album, Tata Masamba, où se fait sentir l’influence du grand musicien cubain Beny Moré, du grand chanteur de rumba congolaise Sam Mangwana, et de la scène new-yorkaise de la salsa: "Johnny Pacheco, un New-Yorkais d’origine dominicaine, l’un des créateurs de la salsa (et l’un des fondateurs du label Fania), a eu une grande influence sur moi. Tata Masamba demeure l’album que je préfère. Je l’ai créé dans un état de pure passion. Avoir Sam Mangwana sur ce disque, c’était réaliser un rêve de jeunesse. Nous partageons le même désir de faire connaître la vraie rumba congolaise, avec ses multiples rythmes africains."

Après Tata Masamba, suivent trois albums: deux sur Putamayo, Mambo Yo Yo et Sao Salvador, et l’un sur Mopiato, le label dirigé par Lemvo, Ay Valeria: "Une chanson très importante pour moi, c’est Sao Salvador. Quand les Portugais sont arrivés au 15e siècle, la capitale du Royaume du Congo portait ce nom. Mon grand-père est né là. Je rends hommage à mes racines, à mon héritage. Avec Sao Salvador, j’ai voulu faire un album plus africain que salsa." Sur tous ces disques, Ricardo Lemvo chante en plusieurs langues: espagnol, anglais, portugais, français, kikongo, lingala: "Le lingala, c’est la deuxième langue après le français. Tout le long du fleuve du Congo, c’est la langue du commerce. Si je chante en plusieurs langues, c’est que c’est très important pour moi que les gens me comprennent."

Le 24 juillet
Avec Makina Loca
Place Émilie-Gamelin
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