TTC : L'orbite TTC
Musique

TTC : L’orbite TTC

TTC amène un vent de fraîcheur sur la scène hip-hop française, qui manquait d’essence dans les dernières années. Portrait du plus grivois des groupes "tendance".

Formation rap underground aux influences électro, quatuor s’adressant à un public désintéressé du milieu hip-hop commercial, bidouilleurs disjonctés franchement branchés, comète transperçant un ciel de plus en plus formaté: on peut bien dépeindre TTC comme on le veut, derrière chaque description se cachera le même leitmotiv: le groupe parisien formé de Tido Berman, Teki Latex, Cuizinier et Orgasmic étonne par son approche musicale futuriste libérée de toute contrainte.

Contrairement à la recette rap habituelle qui veut qu’un M.C. pose sa voix sur une pièce musicale déjà montée, la formation travaille à partir de sons électro qu’elle façonne à sa guise. Les voix particulières des rappeurs s’agencent ainsi en parfaite harmonie avec la musique pour créer un mariage rythmique ahurissant. Découvert avec son premier album, Ceci n’est pas un disque, paru en 2002 chez Big Dada (branche hip-hop de Ninja Tune), TTC restait alors un phénomène sous observation. Bâtards sensibles, lancé au Canada en février 2005, prouve cette fois que les Parisiens ont bel et bien mis la main sur une formule énergique tout aussi originale qu’efficace. "La philosophie de travail est simple, explique Teki Latex. Tout est basé sur une interaction directe entre les rappeurs et les réalisateurs. Au départ, ces derniers nous apportent un squelette, une sorte de beat principal sur lequel nous posons nos parties vocales. Ensuite, nous renvoyons la chanson aux réalisateurs qui modèlent les rythmes selon notre phrasé. Ils nous retournent ensuite la balle afin d’étoffer nos textes et notre prononciation. Le processus peut être ainsi répété six ou sept fois."

Le résultat s’avère particulièrement convaincant. À l’écoute de J’ai pas sommeil sur Bâtards sensibles, on en vient même à se demander si TTC ne triche pas tellement le mariage voix/orchestration vit une symbiose rapide et convaincante. Après tout, les programmes audio d’aujourd’hui ont permis à DangerMouse de juxtaposer l’album blanc des Beatles au disque noir de Jay-Z. "Non, nos chansons découlent d’un travail de composition, pas de collage. Mais nous ne renierons jamais l’importance de l’ordinateur pour TTC."

Adepte des chamboulements hip-hop (l’arrivée des Dr Dre, Antipop Consortium, Neptunes et Company Flow), la formation valorise tout de même une idéologie loin des tendances élitistes de la scène underground à la recherche de profondeur et de nouveauté. Teki Latex se dit, bien sûr, heureux que la presse spécialisée française, anglaise et américaine (malgré la barrière de la langue) ait accroché sur TTC, mais il ne faudrait pas aimer le groupe pour de mauvaises raisons. "Je ne veux pas que TTC plaise à un certain marché parce qu’il est cool, underground et qu’il ne tourne pas à la radio. Je ne supporterais pas d’avoir un public trop intellectuel et mature qui recherche la différence et la profondeur artistique. C’est pourquoi nos textes sont plus grivois, pour se sauver des intellos branchés."

"Pute, je suis ton mac alors suce ma bite gratuit / Torse nu / Je donne des claques à ton cul", chante Teki sur Girlfriend. "Hey, si je veux écrire une pièce sur le sexe, je ne suis pas pour chanter: "Pardon jeune fille / Pourriez-vous me tenir la main jusqu’au champ de fleurs". Si vous ne comprenez pas la logique de nos propos, TTC n’est pas pour vous."

Le 28 juillet
Zone Labatt Bleue

Le 29 juillet avec Daniel Russo Garrido
Au Spectrum
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