Malajube : Préparer la bête
Musique

Malajube : Préparer la bête

Malajube a vendu 4000 exemplaires de son premier album Le Compte complet en seulement huit mois. Considéré par plusieurs comme le meilleur groupe rock montréalais de la décennie, le quatuor planche sur la suite.

Le chanteur de Malajube, Julien Mineau, n’accorde pas d’entrevues en direct à la télévision ou à la radio. Ces demandes ne pleuvent peut-être pas encore sur sa formation, mais lorsqu’elles se pointent, le musicien de 24 ans préfère envoyer ses collègues Mathieu (basse), Francis (batterie) ou Thomas (claviers). En revanche, Julien se réserve la presse écrite. "En direct, nos réponses doivent rester intelligentes et drôles, tout en étant rapides. Je n’aime pas cette pression. Avec les journaux, on peut prendre son temps. À la limite, on peut même faire l’entrevue stone et ça ne dérange pas."

Du temps, nous en avons pris samedi dernier. Un après-midi complet à discuter dans un parc et à magasiner les vinyles au Colisée du livre, où Julien s’est acheté John Lennon / Plastic Ono Band, Les Cinq Saisons d’Harmonium (un disque qu’il a écouté mille fois sans jamais le posséder), un vieux Julien Clerc (ses parents l’ont baptisé en l’honneur du chanteur français) et trois bouquins de biologie. "J’aime y découper les images d’organes vitaux. Je les colle ensuite pour créer des formes animales."

Kurt Cobain avait cette même fascination pour l’anatomie humaine. En fait, en excluant la consommation d’héroïne et les tendances suicidaires, on peut établir un parallèle entre Cobain et Mineau. Les deux compositeurs partagent la même vision romantique et monogamique de l’amour. Tous deux défrichent, dans leurs textes, des territoires sombres, un brin tordus. Et, toutes proportions gardées, les deux ont une aura trash bohème renforcée par un certain génie musical. "J’ai aimé Nirvana, mais adolescent, j’étais davantage branché sur le punk de Piebald."

Un mois après avoir foutu son déménagement en l’air pour passer quatre jours sans tente ni bagages au Woodstock en Beauce, Julien se porte très bien, merci. Pour la première fois depuis la naissance de Malajube, la formation n’a pas à s’inquiéter de sa condition financière grâce à une bourse de la SODEC, pour l’enregistrement du prochain disque, et une autre du Conseil des Arts et des Lettres du Québec… pour vivre décemment. Deux montants qui tombent à pic pour le quatuor puisqu’il décidait, il y a environ un mois, de rester avec le label indépendant Dare-to-Care, refusant ainsi quelques offres généreuses. Enfin, Julien peut se consacrer à 100 % au prochain Malajube.

"Selon les plans, nous le lancerons en décembre, environ un an jour pour jour après la sortie du Compte complet. Je passe présentement la majeure partie de mes semaines au local de pratique, où nous achevons une première pré-production. Le disque sera différent du premier. D’abord, il sera plus long (Le Compte complet faisait 23 minutes). Les compositions seront un peu plus douces, et je travaille également sur des arrangements pour instruments à cordes et cuivres. Et pour ce qui est des textes, je conserve la même approche. Je continue à développer des sujets très personnels jusqu’à ce que l’histoire puisse être interprétée de mille façons. Il y aura même une chanson traitant d’une fissure anale (une affection qui toucherait quatre personnes sur dix, selon Julien, peu importe l’orientation sexuelle). Je vous mets au défi de trouver laquelle."

En spectacle, Malajube interprète déjà sept des onze pièces qui se retrouveront sur le compact à paraître.

Le 4 août
Au Spectrum de Montréal
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