Plastic Bertrand : Fantastique Plastic Machine
Musique

Plastic Bertrand : Fantastique Plastic Machine

Plastic Bertrand, coqueluche des eighties, assume ses identités multiples et revient poursuivre la romance avec Montréal, nouée lors du Bal en Blanc il y a un peu plus d’un an. Stop? Non! Encore.

En avril 2004, les organisateurs du Bal en Blanc avaient eu l’audacieuse idée d’organiser une rencontre entre l’iconoclaste Plastic Bertrand et le très looké D.J. montréalais Frigid, les membres de Poxy, la chanteuse/guitariste des Breastfeeders Suzie McLelove et Stefie Shock dans un bar du Village gai, le Unity II, métamorphosé pour l’occasion en scène glamoureuse où le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il faisait moite. Les spectateurs réunis sentaient bien, avant même que la coqueluche des eighties ne fasse son apparition, qu’ils assisteraient à un spectacle explosif, à un petit moment d’anthologie de l’underground montréalais. "Les gens du Bal en Blanc m’avaient invité à me produire dans un concept électro et non pas de variétés françaises. Vous m’avez adopté d’une façon différente des autres pays, je crois que vous avez compris que je suis encore très en forme et que j’ai encore envie de faire la fête et des choses nouvelles."

On ne se souvient pas que Plastic Bertrand soit entré en scène, qu’il ait fait quelques pas de sa démarche d’adolescent de 47 ans pour arriver jusqu’au micro, non, c’est plutôt à une apparition que nous avons eu affaire. Il y avait quelque chose de félin dans sa manière d’habiter son corps et son espace, le chanteur belge avait l’allure d’un lion glorieux, le panache de celui qui a commis tous les excès pour en ressortir indemne ("Si on parvient à se sortir de tout ça, je pense qu’on devient très fort, comme Iggy Pop par exemple"), le mordant de celui qui a vécu pour vrai les années 80 et non pas leur simulacre, de celui qui peut se jeter par terre en assumant la totalité de ses gestes. "Ce soir-là, j’étais complètement porté par le public. C’était délirant, les gens craignaient presque que l’immeuble ne s’effondre!" Il y avait encore du métal dans sa voix, les mêmes inflexions narquoises; l’animal n’avait rien perdu de sa superbe et malgré ses 20 printemps de plus que les musiciens qui l’entouraient, l’adolescent, ce soir-là, c’était lui. "Je suis un sale gosse, ça c’est clair! Mais Stefie dans le genre fou et Frigid dans le genre complètement allumé, ils sont pas mal non plus!"

"Chez vous, artistiquement, je me sens beaucoup plus près de ma vraie nature alors qu’en France, j’ai une image d’artiste populaire parce que ça fait 20 ans que je fais de la télé – ce qui n’est pas du tout négatif. Venir ici, ça a pour moi un effet de soupape artistique, j’ai l’impression de revivre chaque fois que je vais faire un tour au Québec. Je suis un artiste quand je vais chez vous alors qu’en France, je suis un homme de télévision."

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Plastic Bertrand (Roger Jouret pour les douaniers) vit bien avec ses paradoxes. En connaissez-vous beaucoup, des directeurs de Star Académie (en Belgique) dont une chanson a été reprise par Sonic Youth et les Red Hot Chili Peppers (Ça plane pour moi)? Pendant qu’ici, Mateo Murphy, Sean Kosa et Xavier Paradis d’Echo Kitty – trois électrisants D.J. et producteurs montréalais – planchaient sur des remix du duo Machine!, signé Frigid et paru pour la première fois sur la compilation Kink! il y a un an, notre homme jouait dans une émission de télé-réalité, sur TF 1, La Ferme. Inspirée de The Simple Life, l’émission réunit des personnalités françaises, dont Jordy (Dur dur d’être bébé, ça vous rappelle quelque chose? Il est maintenant âgé de 17 ans…). "J’étais le chieur de service, le mec qui refusait de faire n’importe quoi, comme transporter une tonne de foin quand il vente. Ça m’a permis de renouer avec une image un peu plus rebelle. Les gens ont pu voir que j’avais non seulement un sourire de gamin, mais aussi, parfois, des couilles de mec, quoi. (Rires)"

Plastic Bertrand, cet éternel extasié qui semble immunisé contre la fatigue, compte les nuits qu’il reste à dormir avant d’atterrir en ville pour poursuivre la romance… "À Montréal, il me vient cette impression du grand New York des années 70. J’y retrouve la même énergie, je vois des créateurs partout, de beaux endroits, je rencontre des gens qui écrivent, qui peignent, qui font des décors dans des boîtes… On m’emmène en général dans des endroits très glauques, rigole Plastic. Vous avez une façon de voir la vie et les choses qui m’excite terriblement. Dans le monde entier, mon grand tube, c’est Ça plane pour moi (ndlr: 2e simple francophone à se classer dans le Top 100 du Billboard); chez vous, c’est Stop ou encore! Ça veut dire que vous avez un goût, que vous n’êtes pas dans la masse des gens qui obéissent gentiment à ce qu’ils entendent à la radio, que vous décidez encore…"

En avril 2004, Plastic Bertrand remportait, avec les couleurs fluo, la palme du come-back le plus souhaité. Un an plus tard, on est déjà tanné du fluo, mais Plastic demeure indémodable parce qu’en dehors des modes. Les années glissent sur lui sans trouver appui.

Au Spectrum
Avec Starving
Le 6 août
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Mateo Murphy, Sean Kosa, Echo Kitty, DJ Frigid
Machine! Remixes
Disponible sur le site Mixcom.ca en CD (commande postale) ou téléchargement