Stefie Shock : Succès cadencé
Musique

Stefie Shock : Succès cadencé

Stefie Shock, après le succès de Presque rien (2000) et du Décor (2003), planche sur un troisième opus. Dernière chance de voir l’artiste en spectacle avant qu’il ne s’isole pour peaufiner ses nouvelles pièces.

"Oui, allo, tu m’attends une minute?" La voix de Stefie Shock est aussi chaude au téléphone que sur ses albums et le rythme de sa vie ne semble pas moins dansant que celui de sa musique. On le dit mystérieux, intrigant, inaccessible – ou à l’inverse, affable, sympathique et rigolard. Au cours de l’entrevue qu’il a accordée à Voir la semaine dernière, il n’était à vrai dire ni l’un ni l’autre. Il était simplement très occupé, et peut-être même un peu surchargé. Pourquoi avoir accepté de donner une entrevue dans ces conditions? Tout simplement parce que lorsqu’il s’agit de son métier, Stefie Shock donne sans compter. "Il n’y a pas mille façons de percer et de durer dans ce milieu: il faut de la rigueur et beaucoup de travail. Mais quand t’es passionné, cette rigueur-là vient automatiquement parce que tu donnes tout ce que t’as."

UN BEAT DE VIE

Réputé pour prendre feu dès qu’il monte sur scène, Stefie Shock a embrasé toutes les foules et conquis littéralement tous les critiques. Et la tournée qui l’amène un peu partout au Québec cet été ne fait pas exception à la règle. "C’est un vrai show rock, où les gros décors et les changements de costume de ma dernière tournée n’auraient pas eu leur place. Le spectacle est structuré de telle sorte que la cadence ne baisse jamais, qu’il y a un crescendo constant. Je trouve que c’est la meilleure façon de faire un show. Souvent, les bands balancent trois, quatre bombes en début de show, mais la tension redescend tout de suite après. Puis ça, c’est parce que… Attends-moi un instant, OK?"

Le temps d’acquiescer, il n’est déjà plus là. Son cellulaire sonne au loin, sur un fond indistinct de bruits métropolitains. Le chanteur répond. Il parle vite, en homme qui essaie de régler le plus de choses possible en très peu de temps. Il ne reviendra pas avant deux bonnes minutes: profitons-en pour parler un peu de lui…

Couvert de nominations au dernier gala de l’ADISQ, Stefie Shock y a notamment remporté le Félix du meilleur album pop-rock 2004 grâce à son deuxième opus, Le Décor. Ce dernier lui a également valu un disque d’or (50 000 copies vendues) à peine plus d’un an après sa sortie. Ça ne fait pas l’ombre d’un doute, l’artiste est en pleine ascension. On peut même se demander s’il est possible de monter plus haut sans quitter les frontières du Québec. Or justement, Stefie Shock s’apprête à passer l’automne à Paris, et la compagnie de disques avec laquelle il fait affaire au Québec a récemment conclu une entente avec Warner Music France, important distributeur européen.

"Bon, t’es là? Qu’est-ce que je disais? Ah oui, le crescendo. Beaucoup de groupes balancent leurs succès dans la première demi-heure parce qu’ils savent que les journalistes ne restent pas plus longtemps. Moi, je ne peux pas fonctionner comme ça. Le show, c’est pour le public que je le donne et je veux qu’il ressorte content. De toute façon, j’ai moi-même besoin de sentir un build-up constant, sinon je décroche."

DE LA MUSIQUE POUR S’ÉCLATER

Bête de scène, Stefie Shock l’est donc par nature, et ceux qui iront le voir avant qu’il ne s’envole pour l’Europe peuvent s’attendre à tout sauf à un show pépère. Mélange de rock et de pop, de phrasé rap et de chanson française, de rythmes latins divers et de beats électro, le tout recouvert d’un vernis funk… La musique de Stefie Shock se tient au carrefour d’un bric-à-brac d’influences qui n’ont de commun qu’une chose, mais une chose essentielle: elles donnent toutes envie de danser.

Il faut dire que faire danser les foules, ça a été son boulot pendant une dizaine d’années. Entre le moment où il a commencé à écrire des chansons et celui où il a enregistré son premier album, Stefie Shock a en effet été DJ dans une boîte de nuit de Montréal. "Je savais depuis longtemps ce que c’était de tout donner pour un show parce que j’ai commencé très jeune, comme batteur, dans un groupe rock. Mais ce n’était pas moi qui étais à l’avant de la scène. Tandis que le DJ, c’est un peu comme le chanteur: c’est lui qui mène le bal. Et il n’a pas intérêt à manquer son coup!"

Pour s’assurer de ne pas le manquer, justement, le chanteur n’interprète sur scène que ses chansons les plus rythmées. Et s’il intègre parfois quelques pièces plus lentes, il les modifie pour les rendre plus dansantes. "Je ne veux vraiment pas que les gens qui viennent me voir trouvent le temps long, alors je m’arrange pour que ce soit divertissant du début à la fin. En plus, c’est un plaisir de revisiter des tounes. Quand on joue plusieurs fois les mêmes pièces, surtout avec des musiciens qu’on connaît bien (et c’est mon cas !), on finit forcément par trouver de nouvelles idées. Les tounes sont vivantes, elles évoluent constamment au fil d’une tournée. Et ce n’est pas par écœurement qu’on les modifie, c’est par créativité!"

De la créativité, Stefie Shock en a à revendre puisqu’il travaille actuellement sur pas moins d’une centaine de pièces. Certaines sont plus avancées que d’autres et toutes ne déboucheront pas nécessairement sur quelque chose, mais elles constituent le prolifique matériau de base d’un troisième album. C’est pour mettre un peu d’ordre dans tout ça que le chanteur s’isolera cet automne. "J’ai toujours été pas mal solitaire dans la composition. Sur scène ou en studio, évidemment, mes musiciens apportent leurs idées – qui sont souvent très bonnes! Mais les textes, je garde ça pour moi, qu’ils soient autobiographiques ou fictifs. La musique, c’est plus collectif, alors j’essaie d’être ouvert aux suggestions. D’ailleurs, mes musiciens se sont plus impliqués dans le deuxième album que dans le premier, et ils vont participer encore plus au troisième."

Quand pourra-t-on entendre ce nouvel album? Impossible de le dire pour le moment, mais le chanteur promet un disque au moins aussi éclectique que les deux précédents, auxquels il ne ressemblera toutefois pas. "C’est un peu contre mes principes de reprendre toujours les mêmes chemins, les mêmes méthodes. Je n’aime pas beaucoup les filons, et j’ai envie de tout explorer!"

Le 13 août à 21 h
Sur la scène du Vieux-Port de Chicoutimi
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