Brian Wilson : Au-delà de la plage
Musique

Brian Wilson : Au-delà de la plage

Brian Wilson est un véritable dieu pour de nombreux mordus de musique pop; Dieu est au bout du fil. Enfin, cela dépend de votre définition de "dieu". Rencontre avec un musicien mythique qui donna l’impulsion aux Beach Boys.

De sa demeure au sud de la Californie, c’est un Wilson très décontracté et brillant qui s’est entretenu avec nous. Après tant d’histoires sur ses excentricités et ses problèmes psychologiques, il donne l’impression d’avoir à nouveau les deux pieds sur terre: "Vous savez, je suis un type plutôt introverti. Mais je suis très sympa". Ces jours-ci, Brian Wilson, 63 ans, se sent bien dans sa peau. Après avoir exorcisé plusieurs de ses démons, il a finalement entamé une nouvelle tournée dans la foulée de la parution de Smile, l’album abandonné en 1967, qu’il vient de sortir. Cet ensemble de chansons, complexes sur le plan musical et novatrices sur le plan de l’écriture, relate le trip d’un cycliste qui vole dans les airs, de Plymouth Rock à Hawaï.

C’est en 1966 que Wilson a commencé à élaborer ce qui s’annonçait comme son chef-d’œuvre musical, un album sans pareil. Pendant que les très clean et adulés Beach Boys jouaient ses hits partout dans le monde, Wilson, lui, était resté à la maison pour écrire des chansons et se livrer à des compositions expérimentales.

Il pouvait produire à tour de bras des hits sur les "pétards" de la plage, les bagnoles cool et le surf, sans le moindre effort. Ses chansons, dont les arrangements vocaux et musicaux étaient épatants, célébraient l’adolescence, les étés éternels et le rêve californien. Mais il voulait que sa musique aille bien au-delà de ça.

L’initiation à la drogue – la marijuana, et par la suite, le LSD – fit imploser

les portes de la perception et ouvrit celle de l’enfer. Wilson voulait exprimer ses expériences psychédéliques dans ses compositions. La chanson California Girls, quintessence même du pop, fut composée au sortir de son premier trip sur l’acide…

Sa créativité était en plein essor. L’album Pet Sounds est un véritable monument qui ne laissa personne indifférent dans le monde de la pop. Même si quelques membres de la formation s’opposaient à ce que Wilson abandonne les "tounes" de surf qui leur avaient valu tant de succès, ils finirent néanmoins par enregistrer des chansons qui devinrent des classiques, comme God Only Knows et Wouldn’t it Be Nice.

Wilson voulut aller encore plus loin. Il amorça Smile, son prochain projet, sur lequel il collabora avec le "lyriciste" Van Dyck Parks, et écrivit des chansons sur des légumes et des animaux de basse-cour. C’en fut trop, cette fois, pour les cinq membres du groupe, qui ne pouvaient accepter sa nouvelle direction musicale. Après six mois frénétiques en studio, c’est un Wilson dépressif et brisé qui décida d’abandonner l’album. Quelques-unes des chansons furent produites, soit comme singles (Good Vibrations, Heroes and Villains), ou apparurent dans des albums (Surf’s Up, Wonderful), mais la majorité d’entre elles croupirent dans l’obscurité.

Cela a pris 37 longues années avant que ne soit enfin complété le chef-d’œuvre et qu’ait lieu la grande première, le 20 février 2004 à Londres. Wilson est absolument ravi de la réception que connaît Smile. Modeste, il se déclare "très étonné par la réaction".

Celui qui avait abandonné les tournées il y a belle lurette s’avoue très à l’aise sur les planches: "Me produire en spectacle me fait un plaisir immense. J’aime les auditeurs et j’aime les rendre heureux". Et le chanteur à l’oreille juste d’ajouter: "Mon seul problème, c’est de rester dans la bonne tonalité".

Lorsqu’il survole ses 45 années de carrière, Wilson estime que ce qu’il a fait de mieux est la chanson Good Vibrations: ses fréquents changements de tempo, ses paroles exotiques et le son étrange du theremin en ont fait une chanson en avance sur son temps. "Je l’appelle ma symphonie de poche", déclare-t-il.

Quand Wilson se produira à Montréal avec ses 18 musiciens, il nous présentera l’intégrale de l’album Smile et plusieurs classiques des Beach Boys. C’est l’occasion unique de voir l’un des plus grands compositeurs de musique pop américaine.

Le 18 août
À la Place des Arts
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