Chromeo : Retour vers le futur
Chromeo, duo électro-funk, mijote tranquillement la suite de son premier album, paru il y a un an et demi, et s’arrête dans la métropole le temps d’un spectacle.
L’un vit dans la Grosse Pomme, l’autre en banlieue de Montréal. L’un est de souche juive, l’autre d’origine libanaise. Écouter leur musique, c’est replonger tête première dans une époque révolue où Molly Ringwald était la reine incontestée du grand écran, quand A-Ha trônait au sommet des palmarès. Hommage bien senti ou pure ironie? La question fut maintes fois soulevée depuis la parution de She’s in control, début 2004. "Je n’ai pas vécu l’explosion musicale des années 80, alors, ça ne peut pas être une parodie", explique le multi-instrumentiste Patrick Gamayal, mieux connu sous le pseudonyme de Pee-Thugg. "Ce n’est que plus tard que j’ai découvert tout ça. Je n’avais jamais écouté Thriller", poursuit-il, sourire en coin. Encouragés par Tiga puis remixés par Trevor Jackson, patron de l’étiquette Output, Pee-Thugg et Dave 1 ne chôment pas depuis la parution d’un premier simple il y a deux ans déjà.
Étant à l’électro-pop ce que The Darkness est au rock, le duo n’a jamais ménagé ses efforts pour teinter ses compositions d’humour tout en bombardant l’auditeur de synthétiseurs analogues désuets rappelant au passage Rockwell, New Edition, Cameo et même Hall & Oates. Un faible pour le kitsch? "C’est quétaine, les années 80. On revoit ça vingt ans plus tard et ça nous fait rire, mais n’empêche que le matin, lorsque je me lève, j’écoute encore et toujours du Rick James à plein volume. J’ai même une photo de lui accrochée dans ma chambre. Wow!", affirme Pee-Thugg, un trémolo dans la voix. "Mais on n’est pas coincés dans une capsule à se dire que les années 80, c’est tout ce qui existe", poursuit-il. "On est conscients de ce qui nous entoure. On fait un tri et on conserve ce que l’on considère comme étant le meilleur."
Ayant attiré l’attention de la presse avec des hymnes aussi légers qu’accrocheurs, tels que Needy girl et You’re so gangsta, le duo a roulé sa bosse depuis un an et demi et offert plus d’une centaine de spectacles aux quatre coins du globe. Il faut remonter à mai de l’an dernier pour leur dernière prestation en territoire montréalais. Mais pourquoi donc avoir choisi un endroit insolite, comme Le Bain Mathieu, alors que les salles de spectacle pleuvent dans la métropole? "L’esthétique de notre pochette est blanche avec le verre de lait et les gants. J’imagine qu’on voulait poursuivre dans cette même thématique", explique-t-il en précisant que le groupe n’a pas eu son mot à dire dans cette décision. Question de réchauffer la salle (ou plutôt le bain), on est allé chercher Diplo, disc-jockey philadelphien reconnu pour ses goûts musicaux éclectiques, pour une première partie qui s’annonce groovy.
En plus de lancer prochainement un deuxième album de mixes constitué de chansons obscures sur l’étiquette belge Eskimo, Pee-Thugg recommencera à faire tourner les tables du Main Hall et les amis pourraient bien se pointer au festival Pop Montréal vers la fin septembre. On se croise les doigts. Gageons que la période d’attente ne sera pas aussi longue avant qu’on les revoie sur une scène (ou dans une piscine vide) de la région. Et le successeur de She’s in control? "Ne reste plus qu’à ramasser les idées dans nos têtes et à se réunir pour en parler. Ce sera plus mature et recherché mais toujours dans la même veine. Ça restera toujours du Chromeo." Rétros et fiers de l’être.
Le 12 août
Avec Diplo
Au Bain Mathieu
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