Les Cowboys Fringants : Vivre en ce pays
Musique

Les Cowboys Fringants : Vivre en ce pays

Histoire de se mettre dans l’ambiance de l’immense fiesta musicale qu’ils proposent à l’Amphithéâtre de Lanaudière à Joliette, les Cowboys Fringants ont invité quelques amis qui participeront à l’événement pour "causer" avec eux du pays, d’engagement, ou encore des simples plaisirs de l’été.

Des textes de:

Jérôme
Dominique
Karl
Vincent Vallières
Pépé
Henri Band

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Vivre en ce pays

Je ne suis pas journaliste, pas même auteur. Désolé, je joue de la batterie dans un groupe qui fait son possible, qui aime s’amuser et qui, souvent, prend position, critique, rêve… J’ai grandi dans une banlieue blanche et francophone; je vis maintenant dans le Mile End à Montréal, le plus bel exemple de mélange, de diversité, de cohabitation entre des Québécois d’origines, de langues et de passés différents. En tant que groupe, nous avons eu l’occasion de voyager partout dans la province; le Québec, c’est Rimouski comme c’est Farnham, c’est la Vieille Capitale et Laval, le Lac-Saint-Jean et NDG! Quand j’en entends se dire "de souche", je préfère prendre ça avec le sourire; ils ont probablement du sang amérindien, irlandais, français ou britannique! Jetez un coup d’œil dans leurs assiettes, dans leur discographie… Le Québec est métissé. Et quand je me promène dans le monde, on ne me parle pas que de poutine et de hockey, on me dit: "C’est fou comment les filles peuvent parler dans le casque des gars, comment les Québécois savent rire d’eux-mêmes, comment vous pouvez être ouverts", etc. Le Québec que je connais est cool. Je ne dis pas qu’il n’a pas d’histoire, je dis que nous sommes en 2005 et que nous devons aller de l’avant, et ce, indépendants ou non (bien que…). Le Québec est plein de ressources humaines et physiques, de talents, d’idées, de forces, et s’il choisit un jour de repartir en neuf, je souhaite que ce soit avec une démarche qui va dans le sens du respect de l’environnement et de tous les individus, celui du partage des connaissances et du plein emploi parce que tout est là, latent. La santé? Il est temps que chacun de nous investisse dans sa santé, je n’ai pas besoin de vous dire comment; si ça peut laisser de la place aux plus nécessiteux et un répit au personnel hospitalier…

D’ailleurs, le Québec est malade. Il est dans un grand panier plein d’œufs où une minorité est pourrie par l’argent ainsi que par le pouvoir et où une majorité est plus ou moins passivement complice ou victime. Par contre, mon Québec à moi n’ira pas jusqu’à élire un gouvernement fasciste, misogyne, homophobe et pro-armement… mon Québec est mou. Il manque juste un peu de confiance en lui parce que dans toutes ses différences, ses divergences d’opinion et ses paradoxes, il a tout le potentiel de s’autogérer, de fonctionner à plein régime et de s’ouvrir sur le monde. Il a assez longtemps été traité en bébé par maman "fédération". Il a vécu son adolescence et ses crises d’identité, il est prêt à se botter le cul, à quitter la maison et à faire sa vie. Et il n’aura pas fini de se planter, de devoir se relever et, je l’espère, d’apprendre de ses propres erreurs, pas de celles des autres! Fini les longs couteaux? Fini les scandales des commandites? Il ne faudrait quand même pas être trop naïfs. Comme dit ma marraine: "Où y’a de l’Homme, y’a de l’Hommerie."

Dominique, des Cowboys

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Nommer le pays

Mon pays, c’est La Bolduc, c’est Félix et Gilles Vigneault, c’est Olivier Guimond et Gilles Latulippe, c’est Denys Arcand et Gilles Carle. Mon pays, c’est Willie Lamothe, Bobby Hachey, Yvon et Clémence, c’est Paul et Paul, Les Cyniques, c’est Michel Tremblay et Richard Desjardins, c’est Harmonium et Beau Dommage, c’est André Guitare, Offenbach et Corbeau, c’est un peu moins Corbach. Mon pays, c’est Plume et Cassonade, c’est Robert Charlebois et Claude Dubois, c’est Ginette Reno, Jean-Pierre Ferland et Claude Leveillée. Mon pays, c’est Aut’chose et Gilles Valiquette, c’est Armand Vaillancourt et Jean-Paul Riopelle, c’est Émile Nelligan et Gaston Miron, c’est Réjean Ducharme et Christian Mistral, c’est Élisabeth Vonarburg et Patrick Senécal. Mon pays, c’est aussi Vilain Pingouin et les B.B., c’est Jean Leloup et les Colocs, c’est Rock et Belles Oreilles et les Bleu Poudre, c’est Me Mom et les Planet Smashers, Groovy et GrimSkunk. Mon pays, c’est Lance et compte et Passe-Partout, mon pays, c’est les Bye-bye en famille, c’est Omertà et Fortier, c’est le Cirque du Soleil et Bombardier. Mon pays, c’est les Loco et Les Trois Accords, c’est Dumas et Stefie Shock, c’est les Vulgaires Machins et Capitaine Révolte, c’est Ariane et Daniel Bélanger, c’est Arcade Fire et les Dears, c’est Denis Villeneuve et Denis Chouinard, Érik Canuel et Manon Briand, c’est Stéphane Bourguignon et Guillaume Vigneault et des milliers d’autres que vous connaissez sûrement. Mon pays, c’est aussi une guitare au bord d’un lac et des harmonies douteuses sur du Paul Piché, c’est de la glace dans la moustache à – 40 dans un chair lift, c’est une halte dans le Parc de La Vérendrye pour observer les aurores, c’est un cap de roche sauvage d’où on peut sauter à sa guise. Mon pays, c’est mes amis sur une terrasse pour une bonne brosse d’après-midi sans raison, c’est des épluchettes de blé d’Inde et de hot-dogs dans toutes les régions. Mon pays, c’est aussi les meubles que mon père décape pour passer son temps de retraité et le jardin que ma mère entretient comme son troisième enfant, c’est ma sœur et ses milliers d’initiatives loufoques, c’est ma blonde et les heures passées sur les routes de campagne désertes nous permettant de commencer tranquillement à discuter de l’avenir.

Mon pays, c’est un pichet de bière géant entouré de millions de verres levés, fier et indépendant.

Karl, des Cowboys

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L’espace qu’il nous reste

Entre un épisode de smog, une rivière contaminée, des coupes à blanc et une hausse de la température sur le globe, on en vient vite à ne plus savoir où donner de la tête en matière d’environnement. Oui, bien sûr, nous nous sentons tous concernés, oui, des gestes doivent être posés pour éviter le pire, mais devant cette tonne d’information, cette avalanche de problèmes, nous nous disons: "Qu’est-ce que mes petits gestes viendront y faire?" ou bien "C’est la faute des grandes entreprises, des Américains, des gros chars…"

Au cœur du problème, il y a évidemment l’hypocrisie, l’indifférence et la corruption politique, conjuguées à l’action de puissants lobbys, mais il y a également nous, avec nos habitudes de consommation immodérées. Nous nous asseyons souvent sur une drôle d’ambivalence où, d’un côté, nous reconnaissons la gravité de la situation environnementale et, de l’autre, nous n’agissons pas vraiment en conséquence. Pourquoi est-ce que la grande majorité des Québécois appuient le protocole de Kyoto alors que chaque année, il se vend plus d’automobiles? C’est un peu le phénomène du "témoin passif", qui stipule qu’une personne qui se fait agresser a moins de chances d’être secourue si elle se trouve dans un endroit achalandé, chaque témoin présumant que quelqu’un d’autre agira.

Pourtant, c’est dans cet effet de masse que réside notre arme la plus puissante. Quel meilleur exemple que celui du Suroît? Un an après le rejet général de la population québécoise de son virage au gaz, Hydro-Québec annonce non seulement la fin de l’aventure thermique, mais aussi le plus important virage vert de son histoire. Bien sûr, ces manifestations montrent à nos élus notre mécontentement devant certaines décisions, mais créent aussi un effet d’entraînement. Une bonne partie des gens reconnaissent la réalité d’un problème quand ils voient leur voisin s’engager dans des actions concrètes.

Dans cette optique d’appui et de rassemblement, un geste très facile à poser est d’appuyer des organismes environnementaux. Ces groupes militent pour la sauvegarde de l’environnement, en plus d’offrir au public une information juste et diversifiée. Leurs activités, toujours sans but lucratif, ne sont pas subventionnées par les gouvernements; devenir membre, c’est donc leur donner un appui idéologique, un poids politique et aussi financier. On retrouve des dizaines de liens Internet vers des groupes chapeautant diverses causes sur l’écoroute de l’information (ecoroute.uqcn.qc.ca).

Avec tous les outils d’information et d’engagement qui nous sont fournis aujourd’hui, nous pouvons tous nous renseigner, parler et agir. En fait, chaque individu a la chance de briser le cycle des "témoins passifs".

Jérôme, des Cowboys

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Comme dans l’temps

Début juillet 1994. J’ai 16 ans et un permis de conduire. Je viens à peine de terminer mes études secondaires et je flâne mes vacances en me remettant tant bien que mal de la brosse infernale de l’après-bal. En attendant d’entrer au cégep en administration (je suis promis à une brillante carrière de gérant d’entreprise), mon temps est partagé entre ma guitare, ma blonde et ma job de bagger au Super C. Je traîne dans la piscine familiale le jour, et le soir je bois de la bière au parc, doux houblon fièrement sorti du dépanneur chez Ti-Nomme par Boulé grâce à son poil au menton et un shaggy plutôt précoce.

Je joue presque quotidiennement avec mon band, The Money Drifters, et nous répétons dans le garage des parents à Pruneau. Déchiré entre mes deux héros de l’époque – John Lennon et Paul Piché -, je m’époumone devant un micro qui fuzze en égrainant quelques notes maladroites sur ma nouvelle guitare électrique. Je suis flanqué du p’tit Gasse à la basse qui se prend pour Geddy Lee, de Pizz Lacroix à la batterie qui bûche comme John Bonham, et de Médget Pruneau qui ne peut être personne d’autre que lui-même puisqu’il joue du saxophone alto. Pendant que le soleil se couche tranquillement sur Fleurimont, nous cassons joyeusement les oreilles du voisinage et, entre deux chansons, nous discutons de notre éventuelle percée sur la scène internationale.

J’ai passé l’été sur une balloune.

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Dix ans déjà. Et chaque fois que l’été se pointe, chaque fois que nous reprenons la route des festivals, je ne peux faire autrement que me remémorer cette glorieuse époque avec la conviction profonde que j’ai toujours 16 ans. D’une certaine façon, la musique et la route m’auront gardé à l’abri de l’usure et de toutes les saloperies qui viennent avec (m’auront empêché de devenir cynique avant le temps). Le voyage continue. Quelque part entre l’Abitibi et la Gaspésie, je roule entre le rêve et la réalité. Et le ciel brille. Comme dans l’temps.

Bon été!

Vincent Vallières

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Moi, le Henri Express pis les autres…

Je m’en souviens… comme si c’était hier.

J’ai embarqué pour la première fois à bord du Henri Express au bar Le Caucus à Lachute en 1991, le 4 avril au soir. Toute une virée infernale qui se termina dans deux pouces de verre, de bière et de bouteilles cassées éparpillés aux quatre coins de la place. Mémorable!!! Après cette folie, ma vie a changé. Je suis devenu Robière Saoûlmort: conteur, soûlon et rafistoleur d’histoires à dormir debout avec le Henri Band.

Oh! Je tramais dans la révolte en révolutionnant autour de mon nombril depuis belle lurette. J’étais fier et champion lutteur de ma catégorie. De plus, je passais mes nuits à débaucher les moindres recoins de ma campagne adoptive en quête des plus gros poissons du pays, à bord de ma chaloupe de 32 pieds, écumant rivières, ronds d’eau et ruisseaux, poussé à fond de train par mes trois moteurs 9.9 Mercury. Et je rêvais.

Je rêvais tout haut de ma splendeur de bum qu’un jour, je tournerais provincialement, sur d’immenses scènes, là où tant d’autres m’avaient fait triper auparavant. Et puis, le Henri Band s’est promené de Lachute à Saint-André à Lachute à Saint-André. Puis de Brownsburg à Pine-Hill, de Kilmar à Grenville. Après, Saint-Benoît, Saint-Jérôme, Saint-Eustache et Saint-Colomban. Et là, c’est le grand saut: Henri Band arrive en ville, à Montréal. Au Club Soda, au Café Campus, aux Foufounes Électriques, au Barman et Robine, à l’Escogriffe, au Medley, au Spectrum, au Cabaret, aux FrancoFolies, à la Saint-Jean du Parc Maisonneuve, au Stade Jarry, au Parc Molson et au Parc Jean-Drapeau. Puis Henri s’en est allé danser dans la Belle Province. De l’Abitibi à l’Estrie, de Québec à la Gaspésie en passant par Saint-Fortunat, Victo, Joliette, Shawinigan et Ottawa!!

Quinze années d’aventures rocambolesques où nos rêves et notre réalité ont fusionné dans le rock’n’roll de campagne. Plus de 300 spectacles à bord du Henri Express. Ce coup-ci, on vous amène avec nous.

Ah oui! que je m’en souviendrai…

Robière Saoûlmort, du Henri Band

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Y fait beau!

L’été, c’est tous les bons moments à l’extérieur
Que ce soit un méga-événement
Un show sur la galerie, un BBQ
Ou un feu sur le bord de l’eau avec ses chums
C’est le bonheur de passer la journée
Et la nuit dehors

En gros, c’est ça!
Bon été tout le monde!

"Y fait beau y fait chaud
Le soleil m’émerveille
Vive les abeilles
Le vent chaud me caresse la peau
Une abeille qui zézeille essaie de m’piquer l’orteil

Mais toi c’est pas pareil
Tu dis que toi la veille
Ton cœur était dans l’eau
Mais moi j’te dis réveille
Et regarde moi ce soleil
C’est pas demain la veille que t’en verras un pareil
Et aussi beau et pour ce qui est de l’eau
J’vais la boire moi j’ai chaud

Y fait beau y fait chaud
J’aime la lune qui t’allume qui consume dans sa brume
Te voilà, toi ma joie
Je m’assois près de toi
Tu es douce comme une soie

Wohhhh! Y fait beau y fait chaud"

Pépé

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Les Cowboys Fringants soutiennent:

L’Action boréale Abitibi-Témiscamingue www.actionboreale.qc.ca, La Coalition Québec vert Kyoto www.quebec-vert-kyoto.org,

La coalition Eau-Secours www.eausecours.org , L’Union québécoise pour la conservation de la nature www.uqcn.qc.ca

Le 20 août dès 13 h, les Cowboys Fringants invitent à l’Amphithéâtre de Lanaudière:
Dumas, Mononc’ Serge, Jorane, Vincent Vallières, Stephen Faulkner, Henri Band, Vincent Caza, Pépé et sa guitare