Daniel Taylor : La légende et le prodige
Musique

Daniel Taylor : La légende et le prodige

Le contre-ténor Daniel Taylor invite James Bowman à se joindre à son ensemble Theatre of Early Music pour un concert au Domaine Forget. La quête d’un rêve abouti.

Cette rencontre, Daniel Taylor la désirait depuis longtemps. James Bowman, le contre-ténor anglais, s’associe au Theatre of Early Music pour un récital en duo qui visite en musique la Renaissance. C’est un mandat accompli pour le fondateur et directeur artistique de cet ensemble baroque, Daniel Taylor, qui considère cette collaboration comme un projet collectif cultivé entre musiciens. "C’est une rencontre entre amis, précise-t-il. Je pense à Kenneth Slowik qui revient à la viole de gambe et à Christopher Jackson au clavecin. Chefs d’orchestre de profession, ils n’ont pas l’obligation de revenir sur scène comme interprètes. Kenneth a ses activités avec le Smithsonian Chambers Players à titre de directeur musical, par exemple. C’est le plaisir de partager la scène ensemble dans un but commun qui motive ce récital." Ce dévouement est essentiel, selon le contre-ténor canadien, qui aime s’inspirer de modèles artistiques tels que l’ensemble baroque Akademie Für Alte Musik de Berlin ou encore James Bowman.

Légende vivante, James Bowman a imposé un standard tout au long d’une carrière qui s’étale sur plus de 40 ans. Pour Daniel Taylor, il ne fait aucun doute que ce contre-ténor anglais, c’est l’émotion à l’état pur. "Il y a la voix, c’est sûr, explique-t-il, mais il y a la parole aussi. Pour un chanteur, la compréhension et la lecture du texte qu’on applique sont fondamentales. Il faut avoir quelque chose à dire." Cette rigueur envers le texte semble être un souci partagé en tous points par les deux interprètes. Même chose pour l’écoute de l’autre en cours de prestation, où une interaction créative et honnête est sollicitée. "Lors d’une rencontre précédente avec James Bowman à Toronto, se rappelle Daniel Taylor, j’ai chanté un duo où je devais faire l’écho de la partie vocale de James. Une mélodie qui a pris une tournure tout à fait inusitée. James a littéralement improvisé, non seulement sur la musique, mais aussi sur le texte. Imperturbable, il a pointé le passage en question sur la partition avec un coup d’œil dans ma direction qui voulait dire: "Bonne chance…!" Quelle joie sur scène! On ne peut pas s’ennuyer avec James Bowman. C’est ça être à l’écoute. On ne peut pas être là, tout simplement, à faire son job."

Une joie scénique contagieuse est à prévoir pour ce récital qui inclut des œuvres des compositeurs anglais John Dowland et John Blow, ainsi que de Robert Jones et Henry Purcell. Un projet discographique est imminent, avec les mêmes interprètes, sur l’étiquette de disques européenne BIS. Et Daniel Taylor s’en enorgueillit avec raison. "Sur scène, nous aurons deux comédiens, précise-t-il, l’un anglophone et l’autre francophone, pour les portions narratives du récital. Pour le disque, j’ai fait appel à l’acteur anglais Ralph Fiennes (The English Patient, The Constant Gardiner). Sans trop d’attentes, étant un admirateur de son travail, j’ai eu une réponse, à ma grande surprise! Tout cela pour me faire dire: "M. Taylor, Ralph est un fan de votre voix!""

Le 20 août à 20 h 30
Au Domaine Forget
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