Genticorum : La chasse aux clichés
Musique

Genticorum : La chasse aux clichés

Néo-trad, folklore moderne: Genticorum échappe à toutes ces étiquettes paradoxales. Pour ce trio montréalais, il s’agit tout simplement de musique traditionnelle québécoise prête à être exportée, un point, c’est tout.

"La musique traditionnelle, au fond, est une "alternative" à la musique pop comme il y en a plein d’autres", explique Alexandre de Grosbois-Garand, bassiste qui s’adonne également à la flûte traversière. Formé aussi de Yann Falquet à la guitare et à la guimbarde ainsi que de Pascal Gemme au violon et aux voix principales, le trio a enregistré deux albums, sur lesquels il dépoussière des chansons traditionnelles où s’entrecroisent des compositions instrumentales aux sonorités folkloriques, tout ça avec une minutie et une maîtrise impressionnantes. "On ne vise pas juste le festif. C’est un peu le défaut et la qualité de la musique québécoise: c’est tellement festif qu’il y en a qui ne font que ça. On axe surtout sur le côté plus musical et plus recherché", décrit Yann.

C’est connu, la musique traditionnelle se porte bien au Québec depuis plusieurs années. Soutenus par l’engouement envers les Bottine Souriante, Mes Aïeux et Volée d’Castors, les jeunes groupes adeptes du folklore poussent comme des champignons. Cette montée de ce que certains nomment le trad (ou paradoxalement, le néo-trad), Yann Falquet l’explique habilement avec une perspective historique. "Le premier mouvement de musique traditionnelle au Québec était intimement lié au mouvement national, au souverainisme. Dans les années 80, il y avait un genre de ras-le-bol. Le monde ne voulait plus entendre parler de ce qui était québécois. Dix ans plus tard, ça s’est calmé. Je pense que la conjoncture de la montée de la musique du monde, du revival des musiques irlandaise et celtique (avec entre autres Ashley MacIsaac), de la Bottine qui est arrivée avec un produit super gonflé, "packagé" avec des cuivres, tout ça mis ensemble, ça a créé un momentum."

Mais maintenant que nous en sommes rendus à un renouveau de la musique traditionnelle, le prochain pas à franchir est d’enrayer les clichés qui y sont attachés. "En fait, on veut que le style soit perçu comme un style parmi d’autres plutôt que comme quelque chose de passé qui appartient au temps des Fêtes." Pour contrer ce poncif, Genticorum s’abstient de jouer sa musique durant cette période de l’année pourtant hautement lucrative pour ce genre de formation. "Oui, c’est certain qu’on ferait beaucoup d’argent à ce moment-là, mais on pourrait pas jouer le reste de l’année. Et c’est ça qui entretient le stéréotype", rétorque Alexandre. Une autre façon de chasser les clichés est l’exportation de la musique traditionnelle québécoise, projet déjà entamé pour Genticorum. "On joue beaucoup plus à l’extérieur du Québec qu’au Québec et pour le monde d’ailleurs, c’est un autre style de musique du monde. C’est pratiquement exotique. Donc un bon moyen [de contrer les stéréotypes], ce serait qu’il y ait beaucoup de groupes québécois qui jouent partout dans le monde. C’est dans le métissage que la musique traditionnelle québécoise va arriver à devenir un style musical en soi. Je pense que ça va arriver dans les prochaines années", prédit Yann en conclusion.

Du 18 au 21 août
Au Parc Britannia [Festival folk d’Ottawa]
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