Taima : Air de glace
Taima, première incursion moderne issue de l’héritage innu, transporte maintenant ses airs de glace à l’Auberge Île-du-Repos.
La voix, céleste, s’élève au-dessus des structures musicales minimalistes. C’est souvent doux, aérien, à tout coup bouleversant. Né d’une rencontre fortuite à l’été 2000, le projet Taima roule désormais à la vitesse grand V. Deux albums, une nomination à l’ADISQ, une tournée canadienne et au moins trois séjours en Europe: tout ça, le duo montréalais l’a fait en moins de quatre ans
Cette petite rencontre quasi banale d’Elisapie Isaac et Alain Auger est donc en passe de devenir une formidable aventure professionnelle. Une expérience intense et exigeante qui voit une relation d’amitié se transformer en une relation de travail: "On va t’avouer que par moments, c’est assez difficile à vivre, expliquent-ils. On a des émotions et des visions différentes et quand vient le temps des décisions importantes, c’est pas toujours évident. Au début, on était tout le temps ensemble. Aujourd’hui, on a replongé dans nos vies personnelles. Mais ce que je trouve extraordinaire, ajoute Auger, c’est que peu importent les crises, on réussit toujours à communiquer."
La combinaison des deux personnalités, si elle est inspirante musicalement, peut aussi attiser le feu, ou à tout le moins être potentiellement explosive. Elisapie se laisse bercer par les événements, Alain est nettement plus ambitieux; elle débutait dans le milieu et lui ne voulait surtout pas retourner jouer dans les bars; il arrive une heure avant un rendez-vous… et elle se pointe souvent en retard: "La première année, illustre la chanteuse, j’avais l’impression de ramer dans un canot alors qu’Alain naviguait en yacht. Il voulait que j’aille plus vite. Mais j’ai réussi à lui faire comprendre que j’avais, moi aussi, des expériences à vivre…"
La musique de Taima est loin de n’être qu’un amalgame de chansons doucereuses et évanescentes comme certains l’ont laissé entendre. Elle fait surgir d’intenses mélodies, parfois porteuses d’une violence certaine, au détour des ambiances tempérées et apaisantes: "Merci beaucoup! s’exclame Alain. Tu es le premier qui amène ce point-là. Tout le monde entend le côté très doux du disque, mais y a tellement plus que ça. Ça nous fait plaisir quand les gens nous disent adorer l’aspect planant de notre musique, mais en même temps, on voudrait bien qu’ils découvrent le reste. On a essayé de diversifier, d’amener des personnalités et des couleurs différentes."
Jusqu’à maintenant, les Européens sont intéressés par la musique de Taima, mais rien n’a vraiment été exploré pour la peine. Et puis la planète ne sera probablement jamais trop grande pour les ambitions du compositeur: "C’est drôle, après l’Europe, j’aimerais bien aller voir ce que le Japon pense de notre musique…" rêve-t-il. "Le Japon? Alain, franchement…" soupire Elisapie. Nous les avons laissés s’obstiner tranquillement.
Le 19 août
À l’Auberge Île-du-Repos
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