Yannick Nézet-Séguin : Une saison d’enfer!
Yannick Nézet-Séguin ne dirigera pas son orchestre lors du concert de clôture du FestiBlues. On le pique sous notre nez pour trois concerts à Sydney…
L’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal vient de passer un été chaud, c’est le moins que l’on puisse dire… C’est lui qui propulsait la soprano Natalie Dessay lors du concert-gala de l’Opéra de Montréal, le 8 mai dernier, sous la baguette d’Emmanuel Villaume, et lui que Bernard Labadie dirigeait pour sept représentations du Carmen de Bizet, fin mai-début juin. Au même moment, l’OM intercalait entre les soirées d’opéra six représentations de la Missa Solemnis de Beethoven, son dernier programme de la saison 2004-2005, dirigé cette fois par son titulaire, Yannick Nézet-Séguin. Ce dernier, également directeur artistique des Concerts populaires de Montréal, avait préparé trois programmes pour cette série, le 13 juillet (Mozart et Brahms), le 20 (Smetana, Wienawski et Dvorák) et le 27 (Williams, Elgar et Haydn). Trois programmes en trois semaines… du gâteau! Mais, entre-temps, l’OSM ayant dû annuler sa présence à Lanaudière en raison de la grève qui le mine toujours, l’OMGM a dû accepter de venir en aide au Festival le 16 juillet, sous la baguette de JoAnn Falletta (Berlioz, De Falla, Mahler, Massenet, Saint-Saëns, Thomas, Turina). Bien sûr, cela ne dispensait pas l’orchestre et son chef de donner leur propre concert, programmé de longue date, le 22 (Beethoven, Brahms et Schumann), avant de tous y retourner le 30 pour remplacer l’OSM une seconde fois (Chostakovitch, Moussorgski et Tchaïkovski), mais seulement après s’être remis Kurt Weill dans les doigts pour ouvrir les FrancoFolies de Montréal le 29 avec Diane Dufresne…
Rencontré au lancement du FestiBlues international de Montréal, le directeur général de l’OMGM, André Dupras, ne tarissait pas d’éloges pour les musiciens de la formation: "Bien sûr, les musiciens sont contents de jouer souvent, entre autres parce qu’ils ne sont pas salariés, mais payés au cachet. Et ils sont d’une flexibilité étonnante!" Une autre preuve? Suivez ce slalom sur une douzaine de jours: Missa Solemnis les 24 et 25 mai, puis Carmen le 26; retour à Beethoven le 27; encore Bizet le 28, Beethoven le 29, Bizet le 30 mai et le 1er juin, Beethoven les 2 et 3 et, finalement, Bizet les 4 et 6. C’est mélangeant juste de l’écrire… Quand j’ai dit à André Dupras que le concert avec Diane Dufresne était surprenant, mais qu’un concert de blues l’était plus encore, il a simplement répondu: "On n’est pas au bout de nos surprises…" Il avait bien raison!
C’est le FestiBlues qui a invité l’OMGM et son chef à se joindre à l’harmoniciste français Jean-Jacques Milteau (et son guitariste Manu Galvin) pour reprendre un programme déjà donné avec l’Orchestre National de France. Nézet-Séguin explique: "Nous avons reçu les partitions, des arrangements de Rémi Biet, et, en fait, ce n’est pas compliqué: l’orchestre enveloppe l’harmonica sans altérer l’ambiance intimiste, mais en la magnifiant. Il y a près de 40 musiciens, cordes, vents et même une batterie dont joue notre percussionniste. L’idée est d’unifier ces deux mondes musicaux à travers de grands classiques du blues et des compositions de Milteau. Le concert débute façon "musique de chambre" et j’arrive en deuxième partie pour diriger l’orchestre." Eh bien non, il n’arrivera pas en deuxième partie… C’est Alain Trudel qui dirigera l’orchestre. En effet, le lendemain de notre rencontre, Nézet-Séguin acceptait de remplacer Lorin Maazel, qui a dû annuler sa participation à six concerts de l’Orchestre symphonique de Sydney. C’est le jeune chef russe Tugan Sokhiev (également représenté par l’agence londonienne Askonas Holt) qui dirigera les trois premiers, en modifiant le programme, tandis que Nézet-Séguin reprendra intégralement celui prévu pour les trois derniers (Concerto pour piano en do mineur de Mozart, avec Stephen Kovacevich, et Huitième de Bruckner). Il arrivera directement de Stockholm, où il débute avec le Royal Stockholm Philharmonic Orchestra le 18 août, et dirigera pour la toute première fois en Australie. Après, il l’a promis, c’est les vacances… "Au moins deux semaines!"
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