Billy Idol : Idol instantané
Musique

Billy Idol : Idol instantané

C’est un Billy Idol "régénéré" qui nous invite à faire la fête dans son Devil’s Playground. Rencontre avec une icône rock qui revient de loin.

"Gentleman" n’est peut-être pas le terme qui convienne, mais en tout cas, les épithètes "charmant", "généreux" et "bon enfant" s’imposaient lors de notre conversation avec une véritable idole parmi les idoles du pop. Mais, au grand dam de certains fans et surtout de ceux qui vont aux soirées dans les collèges et universités, il s’agit du même "gentleman" dont la contribution à la culture nord-américaine pourrait se résumer en ces quatre mots, généralement hurlés: Get laid, get fucked!

Billy Idol, alias William Broad, n’a pas de problème avec çe genre de prose. Mony Mony, reprise du hit de 1968 de Tommy James and The Shondells, représente non seulement sa première collaboration avec l’homme qui allait devenir son partenaire pour toute une vie en tant que musicien, compositeur et complice, le guitariste Steve Stevens, mais aussi le premier hit avec le producteur Keith Forsey.

L’ancienne star du surfait et décevant combo britannique Generation X (trois albums et le même nombre de chansons correctes, dont Ready Steady Go et une version préliminaire de Dancing With Myself) déménagea à Greenwich Village en 1980, au grand mécontentement de ses fans britanniques.

En 1981, Idol s’est retrouvé avec le manager de Kiss, Bill Aucoin, et sortit le disque solo Don’t Stop, suivi des albums platine Billy Idol (1982), Rebel Yell (1983), Whiplash Smile (1986), Vital Idol (1987) et Charmed Life (1990). Ensuite, le fatal album Cyberpunk en 1993. Ayoye. Et puis ensuite, plus rien du tout pendant 12 longues années – rien, pas un son, pas une note, à part quelques petits rôles à Hollywood, tout juste de quoi abreuver le moulin des rumeurs hollywoodiennes.

Les chansons savamment mitonnées White Wedding, Rebel Yell, Dancing With Myself, Eyes Without a Face, Flesh for Fantasy, Come On, Come On, Hot in the City et (soupir) Mony Mony devinrent des incontournables de la musique pop-rock. Et encore aujourd’hui, de nouvelles générations de "morons" lèvent leur Bud et entonnent de bon cœur ce refrain familier…

A-t-il des théories sur l’essor de ce phénomène? "Je pense que ça vient des associations d’étudiants universitaires. Une lubie d’étudiants qui s’est frayé un chemin jusqu’aux boîtes de nuit, et maintenant c’est moi qui la chante (rires)."

LA TOISON D’OR DU ROCK

Billy Idol est de retour, donc, avec un nouvel album fabriqué en compagnie de quelques vieux comparses. Depuis ses débuts, son image a à peine changé, elle est restée singulièrement constante: cheveux blonds-blancs hérissés, pantalons de cuir collants de transpiration, une gamme variée d’accoutrements et des bijoux; on pourrait, au même titre, ajouter sa grimace, la moue unique de Billy Idol. En ce qui le concerne, l’image est à la fois une question de fierté et la représentation physique de la continuité, du fil qui maintient le lien avec son passé. "Il faut faire des choses qui ont du sens pour vous, qui marchent pour vous, explique-t-il. C’est une façon d’exprimer vos goûts, votre perception de vous-même…"

Que serait-il arrivé si Billy Idol était devenu chauve? "Je porterais une perruque. Elle serait cousue sur ma tête. Elle resterait même lors des baignades. Ouais, la seule chose qui aurait pu m’arrêter, c’est la nature. Vous avez raison, les dieux du punk ont décidé de ma longévité parce qu’ils n’ont pas touché à mes cheveux. Je reconnais que j’ai eu beaucoup de chance sur ce plan."

Ce qui nous amène inévitablement à la question suivante: avec quels produits Billy Idol coiffe-t-il ses cheveux en brosse? "Attendez, j’ai ça sous la main, je viens juste de m’en mettre. Ça s’appelle Bed Head Hard Head Mohawk Gel for Spiking. Vous en mettez à sec. Il faut être de son temps… Je me souviens de quand on se mettait des tonnes d’Aquanet."

Et aussi des blancs d’œuf et du dentifrice. "Ouais, c’est en plein ça! dit-il en pouffant de rire. On utilisait tout ce qui nous tombait sous la main, principalement des cochonneries. Ha, ha! C’est la meilleure: des cochonneries pour garder vos cheveux en l’air."

SURVIVANT

Le fait de s’être retrouvé plusieurs fois au bord de la mort explique en partie son absence au cours de la dernière décennie et demie. Tout commence avec un accident de moto à L.A. en 1990, accident dont on fit grand cas dans les médias et qui lui coûta presque une jambe; cela se termine, presque littéralement, par au moins deux overdoses quasi mortelles en 1994, à la suite d’un album presque aussi désastreux que Cyberpunk. L’apogée du grunge correspond à la période la plus sombre de sa vie. "Au summum du grunge, j’avais forcément l’air ringard, expliquait-il récemment au Times Online du Royaume-Uni. Et je fonçais en plein dans ma toxicomanie. Je passais de la balançoire à la glissade, de l’héroïne au crack, du crack à l’héroïne, ensuite à l’ecstasy, en partie parce que je suis porté sur les cuites, et en partie, sans doute, parce que je ne trouvais plus de débouchés pour mes idées musicales."

Le rocker naturel, smooth et bête de sexe reprend le dessus sur le récent Devil’s Playground, un album de guitares dont les racines remontent peut-être à Generation X.

"Ce que je trouve super à propos de cet album, c’est que Keith Forsey l’a réalisé, ça ajoute un petit quelque chose… du punch. C’est un véritable marchand de groove, et cela ne fait jamais de tort d’avoir un marchand de groove dans son camp. Je n’aimerais pas lancer un album qui manque de groove."

Et une façon de rester dans le groove qu’ils ont créé est la réalisation de deux autres albums à venir. "Et ce n’est pas pour dans un million d’années, nous assure Idol. Cela devrait se dérouler dans un laps de temps normal, c’est-à-dire dans environ deux ou trois ans. Devil’s Playground nous permettra de reprendre notre place comme groupe live, et aussi comme groupe en studio."

"C’est toujours un grand plaisir de jouer pour un auditoire canadien, déclare-t-il en affectant un ton ironique, parce qu’ils sont fous, ces Canadiens."

Le 27 août
Au Bourbon Street Club de Sainte-Adèle
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