Bonobo : Primate Scream
Musique

Bonobo : Primate Scream

Bonobo ou les tourments d’un singe solitaire qui cherche aussi la compagnie de sa bande en demeurant dominant. Jasette avec l’habile bidouilleur de Brighton de retour à Montréal, cette fois en sa qualité de platiniste.

C’était au dernier Festival de jazz, un peu avant que The Herbaliser fasse son entrée sur la scène d’un Métropolis bondé par une foule réceptive et dégourdie, à l’oreille fine, très attentive. Simon Green, alias Bonobo, était entouré de sa bande pour jouer sa mixture de hip hop instrumental aux affinités jazz, quelques semaines après avoir lancé sur Ninja Tunes un album au titre d’apparence banale, mais qui signifiait toute une transition pour l’électronicien de Brighton: Live Sessions. Habitué à se produire seul derrière les lueurs bleutées du laptop, le singe solitaire a trouvé des semblables pour interpréter sa musique live, en restant toutefois le singe alpha de la bande.

"La façon dont j’ai été initié à la musique est bien plus traditionnelle qu’on pourrait le croire. Je viens d’une famille de musiciens folk et pour mon père, apprendre à jouer d’un instrument de musique est aussi important que de réussir ses cours de mathématiques ou d’anglais. Ça a donc du sens pour moi de jouer live parce que c’est de là que je viens. Mais ce n’est pas une transition qui fut facile. Il a fallu dénicher les bons musiciens, des gens qui ont leur style tout en sachant coller aux enregistrements initiaux…"

The Herbaliser, DJ Shadow, Cinematic Orchestra et autres bands sous contrat avec Ninja Tunes, lors des premières années de l’étiquette tout particulièrement, comptent parmi les artistes ayant laissé une forte impression dans les oreilles du singe: "Je suis un gros fan du label, les disques qu’ils lancent me confortent dans mon désir de faire de la musique, c’est l’étiquette idéale à mes yeux et j’apprécie la grande liberté qu’ils laissent aux artistes." Un peu à la manière d’Ollie Teeba et de Jake Wherry d’Herbaliser, Simon Green fignole ses compos en solo pour ensuite inviter, au fur et à mesure, des musiciens à se greffer aux pièces naissantes. "Au fil des ans je me suis bâti un solide réseau de collaborateurs, et c’est un processus intéressant que d’inviter les gens à venir dialoguer. Mais Bonobo reste un one-man band."

Transition réussie, car lors de son dernier passage à Montréal, le musicien de 29 ans aura démontré que même au beau milieu d’une foule fébrile, il sait recréer les atmosphères des enregistrements studio, tisser un cocon dans la nuit tiède où se réfugier pour recréer les flirts entre breakbeat et lignes mélodiques rencontrés sur ses précédents efforts, Animal Magic et Dial "M" for Monkey, y allant même de quelques morceaux plus récents qui se retrouveront sur le nouveau disque à paraître fort probablement d’ici la fin de l’année ou au début de 2006.

Bonobo aura aussi démontré que sa musique exigeante mais généreuse, toile non-figurative, trame idéale d’un film impressionniste halluciné, aligne des plages qui savent occuper tout l’espace, qui le réclament, même, mais dans un mouvement d’invasion douce. "Les gens ont besoin de nommer la musique, de trouver des mots pour la décrire. Bon, comme n’importe quel artiste, j’imagine, je n’aime pas être étiqueté et en général, j’essaie de ne pas me préoccuper de ça, sauf quand on dit de ma musique qu’elle est chill out, car cela suggère que tu mets ça en fond sonore et que tu l’oublies ensuite, comme si c’était pas sérieux. Je ne me reconnais pas dans la scène post-rave, je ne viens pas de là."

"Mes goûts ont beaucoup changé en quelques années. J’écoute plus de folk, Joanna Newsom et Smog, entre autres, j’ai délaissé un peu le breakbeat et je chéris les musiques plus simples, enregistrées simplement. Sur mon prochain album, il y a toute une section de cuivres, des arrangements de cordes, un peu plus de voix aussi, mais la voix comme texture, comme un instrument, il n’y a pas plus de chansons narratives qu’avant."

Et c’est en sa qualité de DJ (de réputation internationale, souvent aperçu aux côtés d’Amon Tobin) que Bonobo viendra célébrer l’été infini lors de deux événements organisés par Ninja Tunes, délaissant sa bande un temps pour une échappée belle en tête à tête avec laptop et platines. "Oui, c’est ma première fois aux Piknicelectronik, j’en ai entendu pas mal de bien. Mon set sera très différent de ce que vous avez entendu avec le band au Festival de Jazz, beaucoup plus "up-beaté" en fait…"

Le 27 août
Avec les DJ set d’Ollie Teeba, Blockhead, Omega One et le concert de Spank Rock (et autres invités surprises)
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Le 28 août
Avec les DJ set de Sixtoo, P-Love, Ghost Beard, DJ Luv et le concert de Spank Rock (et quelques invités surprises)
Au Piknicelectonik
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