Sixtoo : La vie en cinémascope
Musique

Sixtoo : La vie en cinémascope

Fan des seventies, Sixtoo malaxe les genres sans céder à aucun compromis afin de produire une concoction hallucinatoire bien à lui. Rencontre avec le Montréalais d’adoption, dévoreur de vinyles.

Extirper une réponse complète de Robert Squire, alias Sixtoo, n’est pas une tâche aisée. Évasif, le géant de six pieds, deux pouces (d’où son pseudonyme) préfère laisser parler sa musique. Ayant traversé les années 90 dans le milieu du hip-hop, il demeure encore à ce jour un amateur de la période old school. "C’est la raison pour laquelle je crée de la musique à partir d’échantillonnages", explique-t-il.

Originaire d’Halifax, il a déménagé ses pénates à Montréal il y a quatre ans, s’est déniché une poignée de collaborateurs, est passé du micro au sampler et préconise l’échantillonnage en direct. Lorsqu’on l’interroge à propos du titre énigmatique de son premier opus paru sur Ninja Tune, Chewing on Glass & Other Miracle Cures, il s’anime. "Chacun a sa propre interprétation mais c’est à propos de la paranoïa urbaine et de l’expérience parfois traumatisante de la vie en ville", raconte-t-il.

Faisant preuve d’une indéniable polyvalence aux platines, le fabricant de textures et de climats nébuleux, à mi-chemin entre jazz, hip-hop et rock, préfère le terme compositeur à musicien. "Essentiellement, je suis un déterreur de vinyles. À part ça, mon but est d’utiliser tous les moyens mis à ma disposition afin de créer une émotion qui rejoindra l’auditeur."

À l’instar de Buck 65, avec qui il collabora à l’aube de sa carrière, Sixtoo se considère comme un mélomane averti. "Mais j’adore les disques des années 60 et 70, précise-t-il. Je puise mon inspiration de cette période car c’est là que la technologie de l’enregistrement a atteint son apogée. Ensuite, on s’est mis à faire des trucs chez soi et, généralement, le son des disques a pris une sérieuse débarque."

À la suite de cette prolifération des laptops et du numérique, la scène musicale a pris de l’expansion mais quantité et qualité sont deux choses bien différentes. "C’est un fléau autant qu’une bénédiction. Le phénomène a saturé le marché musical, particulièrement celui de la musique électro. On a eu droit à une foule de produits foireux, mais en même temps, un nombre impressionnant de gens conçoivent des disques renversants dans leur chambre à coucher", poursuit-il.

S’étant démarqué lors de la dernière édition des MIMI avec une prestation un peu longuette mais ne manquant pas de punch, Sixtoo ne se tourne pas les pouces. Depuis le début de l’année, il a remixé Lali Puna, produit Moka Only, et en plus de terminer l’enregistrement d’une trame sonore pour le prochain film de Pablo Arrivana, le bricoleur de sons continue de ramasser ses idées. Mais ne vous attendez pas à entendre le résultat avant la fonte des neiges. "Je désire prendre mon temps et bien faire les choses. Je viens de gonfler ma panoplie d’accessoires afin d’adopter un nouveau mode de travail. Le disque sera dans la même veine mais poussera les limites encore plus loin." Puis, l’an prochain, il repartira en tournée en compagnie du New-Yorkais DJ Signify pour sillonner le globe une fois de plus.

Entre-temps, un week-end bien rempli l’attend, alors qu’il participera au Piknic Électronik pour un set de D.J. The Endless Summer II mettra aussi en vedette Spank Rock, Bonobo, P-Love, Ghost Beard et Luv, en plus de quelques invités spéciaux. "Lorsque je me retrouve dans de tels événements, je suis habituellement le gars le plus éclectique du lot", affirme-t-il. Sa prestation ne risque pas de déroger à la règle. Quels obscurs vinyles déterrera l’ami pour ce Piknic particulier? "Beaucoup de trucs des années 70, du krautrock. Plus de raretés que n’importe quoi d’autre."

Avec son affection pour les trames sonores obscures, un autre projet d’ordre cinématographique serait-il envisageable dans un avenir rapproché? "J’aimerais réaliser un court film de fiction le printemps prochain que je produirai, dont j’écrirai le scénario et duquel je composerai la trame sonore, mais je préfère ne pas trop en dire pour l’instant." Évasif, on vous disait.

Le 28 août
Avec les prestations D.J. de Bonobo, P-Love, Ghost Beard, DJ Luv et le concert de Spank Rock (et quelques invités-surprises)
Au Piknic Électronik
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