DJ Champion : Électro libre
DJ Champion est de retour à Sherbrooke avec ses G-Strings, quelques mois après avoir fait lever le toit de la tente à la Fête du lac des Nations.
15 juillet 2005. Les gens qui se trouvaient sous la petite tente-bistro au Parc Jacques-Cartier s’en souviennent encore. Alors qu’Éric Lapointe s’époumonait sur la grande scène, DJ Champion enflammait la foule, qui débordait de chaque côté de la tente, avec les puissants grooves tirés de son album Chill’em All. Résister à son énergie, à la chimie qui règne entre lui, les musiciens qu’il dirige et le public? Impossible! Sautons tous comme des pogos et scandons en chœur: "Champion! Champion!"
Maxime Morin, de son vrai nom, n’est pas près d’oublier le public de ce soir-là. "C’était la première fois qu’on vivait ça, raconte-t-il en sirotant son déca. D’habitude, on fait une intro et plus ça va, plus les gens montent. Mais à Sherbrooke, ça a pris trois secondes! C’est le show le plus intense que j’ai donné. J’ai juste hâte d’y retourner!"
Ce sera bientôt chose faite, le 10 septembre en fait, alors qu’il conclura le Festival de la rentrée à l’Édifice Expo-Sherbrooke. Avant lui, le public aura eu droit à Pépé et sa guitare et aux Cowboys Fringants (8 septembre), à Pete Möss, Priestess et Mass Hysteria (9 septembre).
NI VU NI CONNU
Si plusieurs l’ont connu cette année avec la parution de Chill’em All, Maxime Morin roule sa bosse depuis belle lurette. D’abord guitariste, il a joué dans toutes sortes de bands, et ce, dès l’âge de 13 ans. Du punk, du métal, du top 40, de l’industriel… Il a tâté de tout jusqu’à ce qu’il découvre l’électro. Un jour, il vend ses guitares et devient DJ Mad Max.
C’est durant cette période qu’il rencontre Benoît Charest et démarre avec lui une boîte de musique de film et de publicité. "J’ai fait beaucoup d’argent. Un jour, je me suis vu changé par ça, se souvient-il. J’étais rendu un peu power tripper." Au bout d’un certain temps, la musique sur commande en vient à écœurer son homme, qui avait aussi pris l’habitude de créer des tubes au goût du jour en tant que DJ Mad Max.
C’est un certain 11 septembre 2001 que Maxime Morin a décidé que c’en était fini de cette vie. Le matin des attentats, il s’en allait justement performer à New York pour le Printemps du Québec. "J’étais déjà dans un processus de changement, mais le 11 septembre, c’est venu clouer ça. Après ça, j’ai vendu mes parts."
Redevenu libre – "et pauvre en crisse!" -, Maxime Morin redécouvre le bonheur de jouer de la guitare. Il pense alors à intégrer ses riffs à des boucles électroniques et compose des esquisses pour certaines chansons qui se retrouvent aujourd’hui sur son album. Son seul objectif à ce moment-là: composer de la musique qui lui fait du bien.
"L’album, je l’adore, lance-t-il. Je l’ai fait dans un état de nonchalance, de rejet, de fuck off. Je voulais faire un album que j’aurais envie d’écouter."
TOUS POUR UN
Dès qu’il commence à jouer sa musique devant public, les commentaires vont tous dans le même sens: comme ça fait du bien d’entendre cette musique tellement dansante, tellement vivante.
Il faut dire que la formule en spectacle est unique en son genre. Debout devant ses machines, Champion dirige quatre guitaristes, une bassiste et la chanteuse Béatrice Bonifassi, qu’on a connue grâce à la musique des Triplettes de Belleville.
"Les musiciens savent ce qu’ils vont jouer, mais ils ne savent pas quand", explique le maestro, qui a développé toute une gestuelle pour diriger ses G-Strings. "Il n’y a pas d’impro sur le plan des riffs. Ce sont les structures qui sont improvisées. Et c’est tellement efficace. À chaque mesure, il y a une interaction avec le monde. Parce que c’est avec le monde que ça se crée. À la fin du show, ce qui a eu lieu, c’est un mélange du public et de nous." Champion a d’ailleurs une chouette devise en spectacle: "Le but, ce n’est pas d’être parfait. C’est d’être intense, d’être là et présent."
Le DJ, qui avait composé son album pour son propre plaisir, rallie donc de plus en plus d’adeptes. Et, conséquence de sa participation au grand événement du Festival de jazz, des spectacles se "bookent" du côté de l’Europe. Une situation qui vient confirmer sa démarche créative. "Il ne faut pas avoir peur de faire quelque chose pour soi", constate celui qui s’est appelé Champion par pure ironie et qui semble humble comme tout. "Des fois, un concept, juste une idée, se révèle être quelque chose de vrai."
Le 10 septembre
Au Festival de la rentrée
À l’Édifice Expo-Sherbrooke