The Used : Contenu sous pression
De l’indigence au triomphe, le groupe The Used jouit de chaque moment de sa gloire comme si elle allait se terminer le lendemain. Portrait d’un groupe combustible de l’extérieur comme de l’intérieur.
Avouons-le d’emblée: la ville d’Orem, dans l’État de l’Utah, n’est pas tout à fait la métropole du punk. C’est pourtant dans cet environnement taciturne qu’est né un des porte-étendards du style emo, The Used. Pour Branden Steineckert, batteur de la formation, la quiétude endormante de son patelin religieux justifie l’existence même du groupe. "Ce sens de rébellion qui vient naturellement quand tu deviens adolescent ou jeune adulte était encore plus fort en venant d’un endroit aussi conservateur, où tu sens que tu dois rentrer dans un certain moule, explique-t-il. Et c’est ce besoin d’éventer nos frustrations qui a donné lieu à notre passion pour la musique."
Outre la léthargie de son lieudit, The Used a aussi eu à faire face à la pauvreté avant de connaître la sécurité du succès, histoire à la Cendrillon que plusieurs se plaisent à associer au groupe à tort et à travers. Branden ne se gêne pas pour en amoindrir la portée en la relativisant. "Il n’y a rien de tout ça qui est arrivé du jour au lendemain. On n’était pas pauvres au point de dormir dans les ruelles. Pas plus qu’on se considère riches aujourd’hui. C’est tout de même commode de pouvoir se nourrir quand on a faim, d’avoir un endroit où dormir le soir. C’est une sécurité qu’on n’avait pas à l’époque."
Fidèle à son image, le groupe se nourrit beaucoup de la douleur qui l’habite, qui provient autant de causes extérieures que de la constante proximité de sa propre implosion. "Nous sommes quatre types complètement opposés. On ne s’entend pas très bien. Je crois que la seule chose qui nous unit, c’est notre musique, exprime le batteur. En fait, on n’a absolument rien en commun et c’est ce qui crée de la friction et de la tension. Ça crée un environnement de travail difficile quand on essaie d’écrire des chansons. Mais c’est notre force en même temps aussi. Si nous nous ressemblions plus, je crois que ça serait plus insipide. Je gage que notre musique serait moche! Le fait que nous tirions tous chacun de notre bord, ça rend notre musique plus unique et différente."
En ce qui a trait à l’étiquette emo qui lui est accolée, The Used la rejette sans toutefois mettre le doigt sur le terme juste pour la remplacer. "J’ai toujours détesté le terme emo. Encore plus le mot "screamo"! C’est une étiquette ridicule d’appeler ça emo, comme si c’était la seule musique émotionnelle. Je n’embarque pas du tout là-dedans. Je ne pourrais même pas dire que c’est de la musique punk. Si je devais vraiment la catégoriser, je dirais simplement rock." Quel qu’en soit le style, le groupe, perpétuel funambule au bord du ravin, prévoit néanmoins une troisième galette. "Je crois que le prochain album sera encore plus différent. L’esprit du groupe y est, peu importe le contexte. Ce sera toujours ça qui prédominera dans tout ce qu’on enregistrera."
Le 11 septembre avec Alexisonfire et Underoath
Au Centre civique d’Ottawa
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