Arthur H : Bonjour tristesse
Musique

Arthur H : Bonjour tristesse

Arthur H, avec le très réussi Adieu tristesse, nous entraîne dans un monde musical plein de sensualité et de langueur. Des chansons riches et voyageuses où les anges couillus ont droit de cité et où Satie est invité.

Au bout du fil, Arthur H donne quelques détails sur le titre de son nouveau disque, Adieu Tristesse, qui rappelle le roman Bonjour tristesse: "Sagan s’était elle-même inspirée d’un poème d’Eluard où il dit Bonjour tristesse et Adieu tristesse, il y a les deux, voilà. Françoise Sagan et moi, on a pris chacun une partie", déclare-t-il non sans humour. Le chanteur a le sens de la formule qui fait mouche et des images-chocs. Lorsqu’on lui dit que la pochette de son cd évoque le milieu du cirque, il répond: "On n’a pas cherché à retrouver l’univers du cirque, mais à aller dans l’imaginaire, une image de départ. C’est une image que tout le monde peut s’approprier. Je voulais une pochette avec beaucoup d’énergie, qui donne un sens du mouvement, du voyage, joyeuse dans les couleurs. C’est Pégase qui s’envole, qui a un cheval avec un côté très sexuel, mais qui va aussi dans le ciel, un ange qui a des couilles, quoi!"

Il est vrai que les chansons du sieur H, par sa façon de les habiller de sa voix rauque et d’arrangements touffus, présentent un côté charnel prononcé. Il nous plonge illico, dès les premières notes de piano, dans une ambiance chaude de bar ou d’une ville inconnue. Le ton de ce nouveau H est à la confidence: "Il y a un sens comme ça, d’un voyage vers l’inconnu. Quitter un endroit pour un lieu qu’apparemment on ne connaît pas." Le chanteur aime se jouer des apparences, fouiller l’âme de gens pour y découvrir leurs rêves. Ainsi sa chanson Le Chercheur d’or: "C’est l’histoire d’un homme qui perd presque tout, mais en fait, à la fin, il se rend compte qu’il a de l’or sous son oreiller."

Arthur H a trouvé de l’or à Montréal en découvrant le travail du réalisateur Jean Massicotte: "J’ai flashé sur l’endroit et sur la manière dont il enregistrait le disque de Lhasa, son amour des sons et sa façon de les traquer." Il a proposé à Massicotte de coréaliser, ce qu’ils ont fait dans un premier temps à Paris, puis ils se sont déplacer à Montréal. Adieu Tristesse est bellement cosmopolite: "Quand on écrit un disque comme ça, on ne réfléchit pas trop, on ressent. Et j’écris sur ce que je ressens sur le moment, alors forcément, à la fin, on s’aperçoit qu’il y a des thèmes qui se ressemblent beaucoup. J’avais même une chanson sur Barcelone, je ne l’ai pas mise sur le disque, car ça faisait un peu trop le carrousel des villes avec Budapest, New York, Shanghai."

Non content de passer d’une ville à l’autre, cet album voyageur convie également un vaste éventail d’invités. Outre M, on peut entendre Feist, dont la voix a totalement envoûté Arthur. Ensemble, ils chantent La Chanson de Satie, une mélodie d’Erik Satie sur laquelle il a écrit des paroles. Mais le plus surprenant vient de ce duo père-fils avec Jacques Higelin, Le Destin du voyageur: "J’avais envie de rencontrer mon père un peu plus sérieusement, de faire quelque chose avec lui qui nous permette d’aller plus loin dans notre relation, et j’avais aussi le désir de l’emmener dans mon espace à moi." La chanson est une telle réussite qu’on serait tenté d’appeler ça un espace commun, où le dialogue n’est jamais condescendant, toujours tendre. Mais si le père Higelin se mêle volontiers à la nouvelle chanson française (duo avec Jeanne Cherhal), le fils fait bande à part et n’apprécie guère les Delerm, Bénabar et compagnie: "Ils ont beaucoup de talent, mais ce n’est pas mon truc, ça manque singulièrement d’audace, c’est très tranquille, ils ne prennent pas beaucoup de risques." Conflit de générations, quand tu nous tiens. Heureusement que Satie est là pour rabibocher les âmes, toutes époques confondues.

Arthur H
Adieu Tristesse
(UNIVERSAL)
En magasin le 13 septembre