Les Jongleurs de la Mandragore : Chanter, c’est lancer des balles
Les Jongleurs de la Mandragore sortent des sentiers de la production indépendante avec leur troisième disque, mais ils entendent conserver leur indépendance d’esprit.
Il y a une dizaine d’années, Ingried Boussaroque et quelques complices fondaient l’ensemble de musique médiévale Les Jongleurs de la Mandragore. Après bien des mouvements de personnel, Boussaroque demeure la dernière représentante de la formation originale: "Nous avons commencé ça au cégep, explique la directrice artistique de l’ensemble; c’était un noyau assez solide, mais il y a eu plusieurs changements ces dernières années. Après sept ans avec nous, Régine Chassagne a quitté La Mandragore pour former le groupe The Arcade Fire, ce qui a provoqué des remplacements et des ajustements, et nous sommes passés de quatre à cinq, puis à six…"
C’est le quatuor formé d’Ingried Boussaroque (soprano, flûtes à bec, cromorne, harmonium, tambour de Béarn), Régine Chassagne, François Taillefer (percussionniste et codirecteur de l’ensemble) et Andrew Wells-Oberegger (oud, bouzouki, luth) que l’on trouve sur le premier disque, Miracle!, paru en 2001, et sur Gibraltar, qui date de 2002. Les Jongleurs de la Mandragore se démarquent du courant médiéval "puriste" par une présence nettement festive et des arrangements qui empruntent éventuellement aux musiques du monde. "C’est vrai que nous sommes moins "classiques" que d’autres, et certains puristes nous le reprochent un peu, explique Ingried Boussaroque, mais l’objectif principal reste d’obtenir un son qui nous plaise et qui soit vivant. Nous avons beaucoup joué dans des festivals, des fêtes ou des mariages, pour faire danser les gens, alors évidemment, ça se reflète dans la musique. Cependant, notre troisième album est peut-être un peu plus calme."
Ce troisième album, Barbarossa, paraît chez Fidelio, une étiquette qui s’est bâti une réputation auprès des audiophiles avec ses SACD. On y trouve, entre autres, plusieurs extraits des Carmina Burana, d’après le manuscrit du 12e, une pièce d’Hildegard von Bingen, une autre d’Adam de la Halle et des pièces instrumentales traditionnelles. Seán Dagher (voix, cistre, vielle à roue) et Grégoire Jeay (flûtes) se sont ajoutés au trio restant avant l’enregistrement du disque.
L’ensemble est à un moment important de son développement, explique la directrice artistique: "C’est notre premier disque qui bénéficie d’une véritable distribution et on reçoit déjà de très bonnes réponses. Nous sommes très optimistes pour le marché ontarien, alors on a hâte que ça sorte! Et puis je commence à penser à l’Europe, où le nombre d’amateurs de musique médiévale est évidemment plus grand qu’ici… J’aimerais que l’on aille explorer ça l’année prochaine." À vous, donc, de les voir cette année!
Le 14 septembre
Au Diable Vert