Navet confit : Gros légume
Musique

Navet confit : Gros légume

Navet confit et Les Trompe-l’œil, deux des formations locales les plus prometteuses, se permettent maintenant des fugues occasionnelles dans le jardin du clan adverse. Récoltes fructueuses à prévoir.

Installés dans un coin tranquille d’un petit café en plein cœur du Plateau, Jean-Philippe Fréchette, le Navet confit, et Alexandre Champigny, multi-instrumentiste derrière Les Trompe-l’œil, rient à gorge déployée. "Excuse-moi, je regardais la fille là-bas", lance Fréchette, avant de revenir au mode sérieux. Visiblement détendus et appréciant la compagnie de l’autre, les deux musiciens format géant forment une association qui semble naturelle. "On est très échangistes, affirme Fréchette, avant d’éclater de rire une fois de plus. Ça nous tentait d’explorer cette facette. On voulait participer au projet de l’autre, changer d’air. Dans le fond, ça ressemble à un échange de services."

Groupe d’un seul homme à géométrie variable, Navet confit s’assure maintenant les services de Champigny, qui joint les rangs des Beaux Bi(d)jouxes, formation l’accompagnant sur scène. Prochains arrêts: Casa del Popolo dans quelques jours, puis Pop Montréal à la fin du mois. "Pour le spectacle, on va tous porter des chandails rayés, c’est certain. Ça correspond à notre ligne de pensée. Pour le reste, on aime faire des tests. Même si ça peut parfois créer des malaises, on adore ça se lancer dans le vide sans filet", raconte le Navet en chef.

Un an après la parution du EP1, la suite débarqua discrètement dans les bacs des disquaires indépendants il y a quelques mois. Empruntant davantage au psychédélisme, tout en conservant ce goût prononcé pour les textes cyniques et l’expérimentation sonore, le nouveau maxi donne un bon aperçu de la première galette complète de Navet Confit, qui pourrait voir le jour d’ici 2006. "J’ai essayé de créer un disque qui s’écoute mieux que les maxis en forme de montagne russe", raconte l’homme-orchestre, en promettant une mixture aussi éclatée mais plus homogène.

Quant au Trompe-l’œil, projet de Champigny qui puise sa source autant dans le rock anglo-saxon que dans la pop léchée et atmosphérique, il se pourrait bien qu’il devienne la nouvelle coqueluche locale dans un avenir rapproché. À la suite d’un premier démo canon fait maison (Strob-o-phone) aux mélodies vaporeuses et mélancoliques, c’est à l’aube de la prochaine année que l’amateur pourra se mettre un album complet sous la dent. "Les chansons seront plus up tempo, prévient Champigny. J’aime les progressions d’accords bizarres et les mélodies un peu tordues, mais je ne sais pas encore précisément à quoi ressemblera le disque. On enregistre plus de 20 pièces et on en choisira peut-être 10 qui colleront bien ensemble", poursuit le coauteur de l’hymne électro-pop Une frite de Télémaque. "On n’a pas encore commencé à monter ses chansons live, mais ça ne saurait tarder", promet Fréchette.

Hormis leur amour pour la pop rêveuse, ce qui unit les deux "vingtenaires" est cette envie de faire les choses à sa manière et à son rythme. Né du désir viscéral de produire tout en évitant les contraintes des grosses compagnies, le label Dry & Dead, reconnu pour ses pochettes sérigraphiées cartonnées, est une idée de Fréchette et de deux amis. "Personne ne voulait du Navet, avance-t-il. C’est très stimulant de voir la quantité industrielle de disques autoproduits. De bonnes infrastructures ont été mises en place afin d’aider les artistes émergents, mais il ne faut pas se limiter à ça. Il faut voir gros et aller de l’avant. Travailler encore plus fort et ne jamais plafonner", poursuit-il, animé. Vive les productions indépendantes… et libres!

Le 8 septembre
À la Casa del Popolo
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