Nouvelle Vague : Vague à l'âme
Musique

Nouvelle Vague : Vague à l’âme

Nouvelle Vague, new-wave, bossa-nova: trois langues, une idée, trois concepts artistiques distincts appartenant à des époques et à des lieux différents, ici amalgamés en une heureuse rencontre des contrastes.

Quand Marc Collin et Olivier Libaux, actifs sur la scène musicale française depuis une quinzaine d’années, ont choisi quelques titres issus du courant new-wave pour les transformer façon bossa-nova, leurs intentions étaient dépourvues de toute visée commerciale. Les deux acolytes ne voyaient là qu’une manière de souligner les qualités de la musique dont leur adolescence fut imprégnée. "Olivier est un peu plus âgé que moi, alors il a vraiment vécu les débuts du post-punk en 1978, explique Marc Collin. Ma rencontre avec cet univers s’est plutôt produite vers 1984 alors que c’était déjà la fin. Nous n’avons donc pas la même vision du courant… Il est plus sombre et plus radical, moi, plus léger."

Une dualité que l’on peut déceler sur le disque avec des reprises d’artistes aux répertoires tantôt candides, tantôt plus violents. Ainsi se côtoient les Joy Division, The Cure, Depeche Mode, The Clash, Dead Kennedys, Sister of Mercy et Killing Joke. Sur scène, le contraste est également mis en évidence, car si les deux musiciens ont fait appel à huit chanteuses pour l’album (dont Camille, remarquée ici lors des dernières Franco), seulement deux d’entre elles les accompagnent en tournée. Une incarne le côté sombre et l’autre, le côté plus serein. C’est Phoebe (qui ne figure pas sur l’album) et Mélanie qui tiendront ces rôles lors de la tournée nord-américaine.

Malgré l’absence d’aspiration au succès, le disque qui parut sous le nom de Nouvelle Vague en a aussitôt séduit plusieurs avec ses versions ensoleillées et sensuelles de pièces pourtant puisées à même un répertoire porteur d’un romantisme tourmenté. Les voix ténues des interprètes et leur ton ingénu transforment radicalement les originales pour faire ressortir le caractère intemporel de ces solides constructions mélodiques.

Si lors de l’élaboration du projet les deux hommes se trouvaient en terrain familier, il en fut tout autrement des chanteuses, trop jeunes pour avoir connu la musique rattachée à la période new-wave. "On leur remettait les paroles et on leur chantonnait les morceaux. Elles n’avaient aucun modèle, alors elles se lançaient de manière très spontanée et personnelle. Elles ne pouvaient pas avoir peur, puisqu’elles n’avaient pas conscience de ce que représentaient ces chansons. Camille n’a d’ailleurs jamais voulu écouter les originaux, même une fois l’enregistrement terminé."

Est-ce que quelques puristes de la première heure ont crié au scandale après avoir entendu leurs hymnes sacrés recouverts d’un enrobage aussi pop et sucré? "Eh bien bizarrement… non, admet-il surpris. Au contraire, les grands amateurs des groupes revisités ont été contents qu’on leur fasse écouter les morceaux autrement."

Un deuxième tome devrait paraître au cours de l’année 2006. Les titres phares du new-wave emprunteront cette fois de nouvelles directions: "J’ai voulu essayer quelque chose de moins bossa-nova; le voyage se poursuit plutôt vers les îles caribéennes, avec des touches de ska, de reggae, de salsa, de musique vaudou et haïtienne…"

Le 15 septembre
À la Tulipe
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