Jacques Hétu : Canevas musical
Musique

Jacques Hétu : Canevas musical

Jacques Hétu assiste à la création de son Concerto pour hautbois et cor anglais. Un projet instigué par Philippe Magnan, qui sera accompagné par l’Orchestre symphonique de Québec, dirigé par Yoav Talmi.

Jacques Hétu

est un de ces compositeurs qui attirent les interprètes de talent. Nul besoin pour lui de se cloîtrer dans l’obscurité et la solitude pour chercher l’inspiration. La composition est pour lui une relation étroite avec le musicien, l’élément moteur de son écriture. Après Alvaro Pierri, Joseph Rouleau et même Glenn Gould, qui avait adopté dans les années 60 ses Variations pour piano (opus 8), c’est au tour du hautboïste Philippe Magnan. "La plupart des musiciens qui me font une commande sont des virtuoses déjà établis, précise Jacques Hétu. Avec ce Concerto pour hautbois et cor anglais, ça me permet de boucler la boucle. C’est un retour à mes premières passions du conservatoire, où j’ai étudié le hautbois." Un fait particulier pour le compositeur qui, après une quinzaine de concertos, aborde enfin son instrument de prédilection dans une œuvre que Philippe Magnan décrit comme une fresque colorée. "J’aime bien cette idée des couleurs, acquiesce Jacques Hétu. Non pas que je compose avec une image en tête, mais j’ai toujours associé certaines couleurs à divers répertoires. Chez Brahms, par exemple, c’est gris clair-obscur. Dans le Concerto pour hautbois et cor anglais, on pourrait dire qu’il s’agit d’un amalgame, de l’ensemble de la palette."

Pensé au départ comme une œuvre de chambre par l’interprète, le projet a vite pris de l’ampleur, jusqu’à se partager avec le cor anglais. Un mariage naturel autant pour Philippe Magnan, qui excelle dans les deux instruments, que pour Jacques Hétu, amoureux de leur timbre. Ces deux instruments s’intègrent dans un exercice contemporain où la forme est de rigueur. "Ma musique est issue de la grande tradition germanique, explique Jacques Hétu. On peut penser à Mozart ou à Haydn. La forme classique est le moule dans lequel se dispose le discours musical. Bien sûr, l’école française est en lien direct avec mon vocabulaire expressif. On peut remonter jusqu’à Berlioz pour l’utilisation de l’orchestre et ses talents de coloriste. C’est une fusion des deux, en quelque sorte."

Une école française que Jacques Hétu a bien connue dans ses années d’apprentissage à Paris. Un épicentre musical incontournable pour un jeune compositeur ambitieux et un lieu de rencontre avec les compositeurs Henri Dutilleux et Olivier Messiaen. Une ligne de pensée qu’il garde en haute estime. "J’avais beaucoup d’affinités avec Henri Dutilleux, se remémore-t-il. Son respect du passé et de la tradition est un impératif auquel je souscris. Beaucoup plus d’affinités qu’avec Pierre Boulez, par exemple, aussi très actif à cette époque. Messiaen, alors, écoutez, c’est le volcan, le cratère! On n’étudiait pas la composition avec Messiaen, c’était une classe d’analyse. Mais ce qui m’a le plus influencé, et marqué surtout, à cette époque, c’est la ville de Paris. Imaginez, du jour au lendemain, vous êtes submergé de concerts et de musique! C’était un choc! C’est là que je me suis dit: "D’accord, au boulot.""

Le 15 septembre à 20 h
Au Grand Théâtre
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