Sleater-Kinney : La sombre clairière
Musique

Sleater-Kinney : La sombre clairière

L’orageux trio Sleater-Kinney s’amène au Colisée en compagnie de Pearl Jam, histoire d’offrir une tonnante randonnée sur les sentiers cahoteux de son dernier album, The  Woods.

Livrant depuis plus d’une décennie un rock cru, bouillant et sans retenue, Carrie Brownstein (guitare, voix), Corin Tucker (guitare, voix) et Janet Weiss (batterie, voix) déposaient au printemps un septième recueil intitulé The Woods, première parution chez Subpop, après une longue association avec Kill Rock Stars. "Après avoir fait tant de disques avec eux, je crois qu’on avait seulement besoin d’essayer autre chose", explique Weiss, à la veille de reprendre la route avec les potes de Pearl Jam, comme ce fut le cas en 2003. "Nous ne souhaitions pas de changement radical; peut-être seulement une étiquette avec un peu plus de personnel, et qui pourrait aussi nous aborder avec une nouvelle perspective. Car tu en viens à t’enfoncer dans une sorte de routine lorsque tu travailles avec les mêmes personnes pendant six ou sept ans; nous recherchions juste quelque chose de neuf…"

Concocté sous la neige de la campagne new-yorkaise avec le réalisateur Dave Fridmann (Flaming Lips, Mercury Rev), le disque recèle les ingrédients fétiches du groupe originaire de l’Oregon: guitares déchirantes, batterie explosive et saisissantes envolées vocales, générant une puissante mixture à base de rock classique et de punk garage, avec cette fois un assaisonnement plus relevé en risque et en sensibilité. "C’était génial de travailler avec Dave, poursuit la batteuse, aussi moitié percussive du duo Quasi. Il a ouvert beaucoup de portes pour nous; il a mis en lumière un autre aspect du groupe, nous a permis d’aller explorer nos recoins beaucoup plus sombres et sauvages, puis est parvenu à bien les traduire en sons. Il nous a encouragées à être plus aventurières émotionnellement, plus rebelles aussi…"

La nébuleuse "forêt" que proposent de visiter les trois rockeuses n’abrite effectivement pas le comble du féérique ou de l’enchanté: la mort, la solitude, la perte et l’instabilité jonchent ses épineux sentiers, même si quelques éclaircies parviennent épisodiquement à en transpercer le dense feuillage. "Je crois que nous cherchions un titre capable d’englober toute la lourdeur de l’album, quelque chose d’à la fois effrayant, sombre et excitant, illustrant le ton agressif du disque, mais sans toutefois diriger les gens dans une seule direction. On voulait que cela soit vague et terrifiant, très cru en émotions, mais qu’il s’y trouve aussi beaucoup d’espoir en même temps; quelque chose de bien contrastant avec la noirceur…"

Reconnaissant qu’il peut être difficile de conquérir chaque soir un public venu entendre un autre groupe, Weiss se réjouit de cette nouvelle épopée avec les patriarches du grunge. "C’est comme de la famille; ils sont vraiment super! On ne recommencerait pas si ce n’était pas absolument fantastique. On fait rarement des tournées de premières parties; on aime faire nos propres concerts, mais ils sont si chouettes qu’on en redemande!"

Le 20 septembre à 19 h 30, avec Pearl Jam
Au Colisée
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