Léopold Z : Le cri de l'homme moyen
Musique

Léopold Z : Le cri de l’homme moyen

Léopold Z… Ce nom n’est pas sans rappeler un certain film de Gilles Carle et le premier héros cinématographique du Québec, un "looser". À l’image de cette création, la formation dérivée des 3/4 Putains chante une société qui décline. Rencontre avec Marc Bisaillon, la voix du groupe.

Son album a beau s’intituler La Joie, Léopold Z aborde tout, sauf des thèmes heureux. Réaliste, voire fataliste, il a une vision bien amère du monde dans lequel il vit. Usant d’une poésie coup de poing, il en dévoile quelques fragments dans ses chansons: La Route de la rage, Salaire de rien, Bal des pendus, Comme con dit en français… Il crie la souffrance de l’homme moyen, joyeux bouc émissaire. Il l’illustre, la décortique, la ridiculise et la rend presque belle en la mariant à des musiques qui oscillent entre le rock, le blues et le jazz.

Léopold Z ne se prend pas au sérieux. Ses textes tombent certes comme une tonne de roc, mais le groupe cherche avant tout à s’amuser lorsqu’il les interprète. Ses pièces pleines d’ironie servent d’exutoire. "J’aime ça aborder des thèmes qui, en partant, sont forts et ne pas les banaliser, explique Marc Bisaillon. Si on pense à une chanson comme Rupture de ton, c’est assez heavy metal! C’est un peu une réaction aux chansons d’amour comme Ne me quitte pas, Va-t’en pas, Reviens me voir… Je suis un peu tanné d’entendre ce genre de tounes-là. Le flash m’est venu comme ça. Il y a d’autres chansons plus légères. Mais c’est sûr qu’en prenant Bal des pendus de Rimbaud, qui est une atmosphère de squelettes qui pourrissent sur une potence, ça donne quelque chose de dur. Ça me fait d’ailleurs beaucoup penser à l’Irak…" La question brûle les lèvres. Comment nourrir des idées aussi noires sur la société sans craquer? "C’est plus lucide que noir, je dirais. C’est sans concession. Moi, j’ai la chance d’écrire des chansons pour plonger dans un autre univers. En même temps, en spectacle, ce n’est pas lourd du tout, ce que l’on fait. On est assez calmes et même souriants. Être réaliste, ça enlève un gros poids sur les épaules: tu vas mourir, je vais mourir… Les illusions, ce n’est pas bien bon."

JE ME SOUVIENS

Si pour certains le passé est synonyme de mauvais goût, Marc Bisaillon admet voir en celui-ci mille et une richesses, d’où Léopold Z. "C’est le temps que les Québécois aient une mémoire de leur culture. On commence à avoir passé l’adolescence. On était vraiment envahis par la France dans les années 60 et par les Anglo-Saxons dans les années 80. Maintenant, on a notre identité à nous. La preuve, ce sont des groupes comme Loco Locass, qui fait du rap typiquement québécois, Les Cowboys Fringants, qui vont aux racines, ou Lynda Lemay, qui est rendue en France. Culturellement parlant, on s’assume. Il n’y en a plus, de pâle copie. Les artistes québécois, à tous les niveaux, sont avant-gardistes."

[Cabaret Entre le rouge et le noir]
Le 18 septembre à 20 h 30
Au Petit Chicago
Le 19 septembre à 21 h
Au Café Aux 4 Jeudis
Voir calendrier Jazz/Actuelle

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Le leader du groupe Léopold Z, Marc Bissaillon, qui donnera avec ses comparses deux spectacles à Gatineau dans les prochains jours, décrit le groupe en spectacle: "C’est un mélange entre un théâtre de poche et une soirée de contes. Un peu comme des marionnettes; on est très expressifs en spectacle, ça contrebalance peut-être le côté noir de certaines chansons… Et une soirée de contes, parce que je prends bien le temps de présenter chacune des tounes à la manière d’une histoire." En tournée? "On est tranquilles, on garde notre énergie, on jase. Et quand on arrive assez tôt dans une région et qu’on a assez de place, on joue à la pétanque!" Ça promet! (M. Proulx)