Lynda Lemay : Un sentier de neige
Musique

Lynda Lemay : Un sentier de neige

Après avoir séduit nos cousins français, Lynda Lemay rapplique dans son Québec natal avec son tout nouveau projet, l’opéra-folk Un éternel hiver. Entretien avec la créatrice qui campe la mère coupable.

Lynda Lemay a la plume facile. Elle écrit des tonnes de chansons dans une année et ses tiroirs sont pleins de pièces qui n’ont pas encore trouvé refuge sur laser. C’est justement au cours du processus d’écriture d’une chanson sur une conversation entre une mère et son fils derrière les barreaux que l’artiste a eu l’idée de donner suite à cette histoire.

Ainsi, pour cette aventure qu’elle qualifie d’"opéra-folk", elle porte les chapeaux d’auteure-compositrice, de metteure en scène et d’interprète dans un second rôle. Les autres chanteurs-comédiens qui allaient compléter l’équipe se sont imposés à elle: Fabiola Toupin, pour qui elle avait eu un coup de foudre instantané (assurément la découverte de cette production), Daniel Jean, fidèle complice qui l’a accompagnée pendant quelques années en tournée, et Manon Brunet, chanteuse de blues qui a donné sa touche personnelle aux ritournelles de Lemay. Restait plus qu’à trouver celui qui allait camper le fils, et Yvan Pedneault l’a convaincue, dès qu’il a ouvert la bouche, qu’il avait "la maturité pour ce personnage qui a un mal de vivre"

"La compositrice en moi s’est gâtée puisque je me permettais plus de liberté. Quand j’écris pour moi, je connais mon registre, qui s’est amélioré depuis mes débuts, mais qui est tout de même limité. Parfois, j’imagine de belles mélodies, mais je sais que je ne serais pas capable de les chanter… Alors là, c’était une occasion de me laisser aller!"

Campée dans une petite ville campagnarde du Québec, l’histoire met en scène un couple tiraillé: Manon (Toupin), enceinte jusqu’aux oreilles, subit les foudres de son conjoint Jeff (Pedneault), alcoolique qui se trouvera en prison pour crime. Rapidement, les mères s’en mêlent: la mère de Jeff, Nathalie (Lemay), rongée par la culpabilité, et la mère de Manon, Micheline (Brunet), qui n’aime pas son gendre et qui nourrit l’espoir de l’agent Messier (Jean), secrètement amoureux de sa fille.

"Il y a certainement la mère en moi qui s’exprime. Je suis allée fouiller dans tout ce qu’on ressent comme parent envers nos responsabilités, la culpabilité… Le syndrome de l’enfant roi, évidemment que ça me fait peur! […] J’aime mettre en mots et en chansons ce genre de sentiments qui m’habitent."

Le tout est campé dans un décor minimaliste, et les micros à la main des chanteurs indiquent bien qu’il s’agit là d’un tour de chant traditionnel théâtralisé plutôt que d’une comédie musicale. D’ailleurs, à l’opposé de ce qui se passe souvent avec ces canons de la scène, elle n’a pas brûlé les chansons à la radio ou avec un CD sorti des mois à l’avance… "Je n’aime pas faire la promotion de quelque chose qui n’a pas fait ses preuves sur scène. C’est un spectacle avant tout et je voulais que ça prenne forme et que ça gagne de la profondeur à force de tourner avant d’offrir un album. J’aime mieux y aller étape par étape, jouer safe un petit peu", conclut-elle. Ainsi, l’album sera dans les bacs des disquaires en décembre, aux premières ébauches de l’éternel hiver.

Les 15 et 16 septembre à 20 h
À la Salle J.-A.-Thompson
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