T. Raumschmiere : Bruit académie
Musique

T. Raumschmiere : Bruit académie

T. Raumschmiere, mené par le Berlinois anticonformiste Marco Haas, déverse son fiel "punk ambiant" via la parution d’un quatrième opus plus éclectique que jamais et débarque au Cabaret. Décharge de décibels à prévoir.

À l’autre bout du fil, une voix faiblarde, à moitié éveillée, se fait entendre. "Hello? Tu es là?" Cette voix enrouée est celle de Marco Haas, l’homme derrière le projet électro-punk T. Raumschmiere. D’un petit établissement suisse, celui que l’on surnomme le Marilyn Manson de l’électro ne perd pas de temps avant d’afficher ses couleurs. "Alors, tu viendras au show?" demande-t-il avec son accent allemand, reconnaissable entre mille.

Tirant son pseudonyme d’un récit de William S. Burroughs, le Berlinois fut révélé il y a deux ans avec l’album Radio Blackout et sa concoction apocalyptique de beats industriels décoiffants. Avec Blitzkrieg Pop (clin d’œil aux Ramones), le prolifique artiste signe peut-être son œuvre la plus accomplie et équilibrée à ce jour. Inutile de chercher la ballade formatée pour la radio à travers cet enchaînement infernal de pièces de format compact. Dédié à sa compagne et à son fils, la galette se veut une claque en plein visage. "Je désirais produire l’album pop le plus bruyant de toute l’histoire, raconte Haas en riant. Je tente d’insuffler un peu d’énergie à l’électro, qui en a bien besoin. Cette scène est plutôt ennuyeuse et stagnante. Tout le monde tente de se plagier et personne n’émerge vraiment."

Amateur de punk, le fondateur du label Shitkatapult roule sa bosse depuis maintenant 15 ans et, de toute évidence, connaît bien les rouages de l’industrie musicale. "Afin de survivre, on met pratiquement n’importe qui sous contrat, raconte-t-il, la voix brisée. On veut des valeurs sûres afin de gonfler les profits, mais il manque d’artistes intègres et de jugement de la part des patrons des compagnies, et je les pointe du doigt." Brutal, c’est à tous les concours du type American Idol que s’en prend son quatrième opus. "C’est une charge contre toute la pop médiocre qui se fait présentement. Tout comme en Amérique, il y a des émissions de télé-réalité en Europe et laisse-moi te dire que c’est pas joli", affirme-t-il.

Après la participation de Miss Kittin, de même que de l’incomparable MC Soom T de Monkeytribe, Blitzkrieg Pop comporte aussi son lot de collaborations féminines. "Je suis excité lorsque vient le temps de travailler avec d’autres personnes et d’échanger des idées. J’aime particulièrement les femmes parce que leur voix contraste avec la musique. Ça provoque une complémentarité efficace", poursuit-il. Mais si le disque déborde d’énergie féminine, il marque également les débuts de Haas derrière le micro sur deux morceaux. Pourquoi se décider à chanter? "J’étais saoul, raconte-t-il, avant d’éclater de rire. Assis dans le studio, je pensais à qui j’allais choisir. Il était tard dans la nuit et je n’avais trouvé personne, alors j’ai tenté ma chance. Le jour suivant, j’étais assez heureux du résultat et j’ai décidé de le conserver tel quel. C’est un pur hasard."

Jusqu’à la fin de l’année, l’ex-Crack Whore Society poursuivra sa tournée à travers le continent européen, puis l’année prochaine, c’est le Pays du soleil levant qui l’accueillera pour quelques dates. Pour ce qui est de son passage éclair dans la Métropole, il demeure avare de mots. "Ce sera fort et sauvage", se contente-t-il de laisser tomber. "Alors, tu viendras au show?"

Le 22 septembre
Avec Four Tet
Au Cabaret