Billy Childish : Small is beautiful
Si Billy Childish ne monte pas souvent sur scène, c’est qu’il tient mordicus à préserver son indépendance artistique, son éternel cheval de bataille. Il se pointe au Pop Montréal guitare en main, mais aussi en sa qualité de peintre et de poète.
"Si je me mets à multiplier les spectacles et m’engage dans de grandes tournées, j’aurai alors l’impression que la musique devient une obligation", affirme l’imminente (voire mythique) figure du rock garage britannique. "Je préfère jouer moins souvent, quand j’en ai réellement envie, et que cela ne devienne jamais une véritable carrière." Homme de tête dans le discours qu’il défend, Billy Childish clame que toute forme de création se doit d’être brute et directement connectée au cœur et refuse ainsi de se soumettre aux règles qui régissent les grands réseaux de diffusion de la culture: "Les circuits commerciaux exercent un contrôle sur la créativité, dénaturent ce qui devrait être le caractère propre d’un artiste, soit sa liberté et sa spontanéité. Je n’exclus pas le fait que je puisse intégrer ce genre de structure à l’occasion, mais je ne ferai aucune concession et ne changerai jamais la façon dont je travaille."
Lors de son passage ici, celui qui quitte rarement Chatham, sa ville natale du sud-est de l’Angleterre, sera simplement accompagné de sa femme, Julie, à la basse. Le couple nous livrera des pièces tirées du dernier album que Childish a enregistré avec les Chatham Sinners, Heavens Journey, une alliance de rock et de blues sur laquelle il récite quelques-uns de ses poèmes (il a près d’une quarantaine de recueils de poésie à son actif, en plus de trois romans, dont les deux premiers, My Fault et Notebooks of a Naked Youth, ont récemment été réédités aux Éditions Virgin). Il puisera également pour l’occasion dans son vaste répertoire musical. "Vaste", le mot demeure faible compte tenu de l’ampleur de sa production qui comprend au-delà de 100 albums réalisés depuis 1977, en solo, avec ses anciens groupes (The Pop Rivets, Thee Mighty Caesars, Thee Milkshakes, Thee Headcoats), avec les Buff Medways ou encore avec des formations sous sa gouverne (Thee Headcoatees, Del Monas). Son œuvre en a guidé plusieurs: Nirvana, Beck, les White Stripes et même Kylie Minogue (!?) se sont dits influencés par son travail.
"Le but n’a jamais été de viser la quantité. Les grandes compagnies de disques freinent souvent les ardeurs des groupes qui produisent beaucoup, car cela vient déjouer leur stratégie de ventes. Et je me fous complètement de cela", affirme celui qui, dans un geste brut et spontané, compose et enregistre ses chansons en quelques heures dans sa cuisine et qui, à titre de peintre, produit plusieurs œuvres par semaine.
C’est donc compulsivement qu’il s’adonne simultanément et sans relâche à la musique, à l’écriture et à la peinture, menant une quête de vérité qui ne peut passer que par l’acte primitif: "Je crois que les idées, la réflexion, en art, est une perte de temps. Le problème avec l’art et la musique de nos jours, c’est que les gens ont des idées… Si l’art contemporain est si ennuyant, c’est qu’il s’élabore trop souvent autour de concepts prédéfinis."
Le 29 septembre
À la Sala Rossa
Accompagné d’une exposition de ses œuvres picturales