Ginette : Belle bohémienne
Musique

Ginette : Belle bohémienne

La douce Ginette a soufflé son air sucré un peu partout cet été dans la province et dans la francophonie européenne. Rare visite à Ottawa.

Encore trop méconnue sur la scène populaire québécoise, la folkie girl gaspésienne a tout de même fait des adeptes un peu partout en province et elle s’apprête maintenant à crever l’abcès de l’autre côté de l’Atlantique, chez nos cousins français. Avec un premier album magnifique lancé en 2003, elle a séduit les Parisiens en première partie de Charlebois, pour ensuite assurer les premières parties de l’envoûtante Jane Birkin lors de sa venue au Québec, d’Antoine Gratton et de Martin Léon. Est ressortie de ce premier opus la mélodieuse À bientôt, premier extrait et clip qui donnait le ton de son folk volage et la mesure de son talent de mélodiste.

Jointe au téléphone, de son appartement montréalais, Ginette fait un bref retour sur son été qui a été rempli. Du Festival de Montauban en France aux FrancoFolies de Montréal, en passant par les Francofolies de Spa en Belgique, la belle brunette n’a pas chômé. Ses sandales l’ont aussi menée en Californie pour les vacances et à des jams avec Éloi Painchaud aux Îles-de-la-Madeleine, notamment. Bref, partout où elle a pu gratter sa guitare dans une ambiance festive, cela a été synonyme de vacances pour la sympathique chanteuse. "Je m’en viens vraiment reine de l’actualisation, du "vivre dans le moment présent". Je suis quelqu’un de très "groundée" et, de plus en plus, on dirait que j’ai développé le sens du timing, on dirait que tout m’arrive au bon moment. C’était comme ça tout l’été, c’était vraiment chouette!" Partout où elle est passée, ses performances ont été remarquées, notamment à Spa, où Dumas et Stefie Shock faisaient aussi honneur au Québec.

100 % PURE LAINE

La tête complètement plongée dans l’eau pétillante du métier de chanteuse depuis deux ans, elle n’a pas changé sa perception du métier, mais a modifié son approche. "Je me suis fait la réflexion à un moment donné que les gens ont rencontré une certaine Ginette à la sortie de l’album, mais que cette Ginette a changé. Ils connaissent une certaine image et pensent te connaître à travers ce qu’ils lisent dans les journaux, ce qu’ils voient dans les magazines ou à la télé. On finit par se protéger beaucoup de ça et je n’ai pas le goût de vivre dans cette protection, de penser à mon image. J’ai décidé de façon très volontaire et consciente que je n’allais pas me laisser embarquer là-dedans", raconte-t-elle, en ajoutant que cette prise de conscience a rouvert les champlures pour l’écriture du second disque. "Souvent, on me dit aussi que je suis trop transparente, trop honnête, que je suis trop intense…, remarque celle qui dit encore s’émerveiller autant des petits riens de la vie. Mais je suis comme ça. J’ai essayé un moment donné d’être autrement, puis ça me rendait malheureuse, alors…"

Et que pense-t-elle justement de certains qualificatifs que les gens lui ont donnés au fil du temps? Celui de globe-trotter, par exemple? "Je le suis plus que jamais! Je vis vraiment dans mes valises, ce n’est pas une blague. J’ai un appartement et une chambre à Montréal, et je me promène entre l’un et l’autre, parce que des fois, quand je ne suis pas là, je loue mon appartement…"

Granola? "Dans le sens que je suis très près de la nature, que j’aime ça, faire mes conserves, que j’aime ça, faire mes petites cueillettes de fruits, oui. Je suis un peu peace and love, c’est vrai, sur les bords; je ne me casse pas trop la tête. En même temps, j’ai aussi un côté très urbain qui est en train de s’actualiser, mais qui a toujours été là, que les gens connaissent moins parce que à mes débuts, je vivais en campagne avec mes chèvres et tout."

TERRE À TERRE

La musique fait partie intégrante de son petit quotidien; elle se lève du lit et se couche avec sa guitare. Elle s’est aussi réconciliée avec des passions qui l’occupaient autrefois, notamment avec la musicothérapie, qu’elle a étudiée pendant un temps, et avec le fait de jouer de l’orgue. "Ça fait 18 ans que je suis organiste; j’avais arrêté et je me suis dit, pourquoi est-ce que j’arrête si j’aime ça à ce point?" Ainsi, les curés des paroisses de son quartier ont donc ses coordonnées et elle peut aller jouer sur demande, dans le cadre de funérailles, de mariages ou de baptêmes. "Les gens qui me connaissent comme organiste ne savent même pas que je suis chanteuse, souvent. C’est le fun, c’est comme une double vie (rires)! Je vais souvent même juste à l’église pour jouer, parce que j’ai envie de soutenir une paroisse…"

En pré-production d’un deuxième album, elle a déjà "tout écrit" et elle travaille maintenant aux arrangements. Sa tentative vers la France, elle, s’entame cet automne. "C’est une méga-grosse nouvelle pour moi! Le danger, avec ça, c’est de m’asseoir à la maison, d’attendre, et de commencer à rêver. Je me suis dit, non, l’album va sortir en France; j’ai aussi une mission ici au Québec, c’est de sortir un autre album. Mais je suis prête à mener une double carrière, je suis quelqu’un qui a de l’énergie, je suis capable!" raconte-t-elle avant d’ajouter: "C’est super bien parce que je n’ai pas de conséquence de décalage horaire, jamais. Je peux revenir de la France et repartir sur un show le soir même. Je peux aussi dormir où je veux, quand je veux; j’ai un bon sens de l’adaptation, alors je suis prête à vivre ces deux aventures", avance-t-elle, avec un petit accent de la Gaspésie qui point à l’occasion.

Plus tard cet automne s’entame aussi la tournée Tous les garçons, toutes les filles, dont le concept est de réunir des auteurs-compositeurs-interprètes pour un grand jam commun. Ainsi, les uns joueront sur les pièces des autres et vice versa. Dans la version féminine, Ginette, multi-instrumentiste, sera aux côtés de Mara Tremblay et de Catherine Durand entre autres. "Je vais profiter de cette tournée pour présenter mes nouvelles tounes. C’est vraiment un endroit pour "jammer", s’amuser. L’improvisation ne me met pas mal à l’aise, j’en fais depuis que j’ai cinq ans. Mets-moi sur un stage avec un instrument, c’est sûr que je peux faire de quoi pendant une heure", clame-t-elle, la joie dans la voix.

Entre-temps, elle commence sa tournée en Ontario qui la mènera dans trois villes, dont Ottawa. "Je suis en train de monter un nouveau show pour cette série. J’avais besoin de me renouveler, on dirait. Il va être plus électrique, un peu plus électrifiant. En duo ou en trio, on ne le sait pas encore. Il va y avoir du rock un petit peu plus; ce sera moins folk, moins chanson française, avec des choses qui font taper du pied, là…" Contagion assurée.

Le 1er octobre à 20 h
À la Nouvelle Scène
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