M.I.A. : Je danse le M.I.A.
Musique

M.I.A. : Je danse le M.I.A.

M.I.A. n’est pas qu’un autre joli minois au look aguichant avec de l’attitude à revendre. Quatre mois après son dernier passage en ville, la tornade d’origine sri-lankaise s’apprête à virer le Métropolis à l’envers.

Tout débute avec la parution de Galang l’automne dernier. La contagieuse chanson amalgamant des éléments d’électro, de hip-hop et de grime devient rapido-presto un tube prisé par les DJ des clubs branchés. Parallèlement, le Web se trouve inondé de remix. Chaque artisan et chaque remixeur en herbe y vont de leur propre version. Sur les sites de discussion où la musique est à l’honneur, on ne parle que de cette jeune femme remplie de promesses. À la suite de tout ce battage médiatique et du bouche à oreille, XL Recordings (maison de Dizzee Rascal) saisit sa chance et signe tout de go Maya Arulpragasam, alias M.I.A. (pour Missing in Action).

Avec sa mixture particulièrement explosive de grime, de ragga, d’électro, de hip-hop, de r&b, de crunk et de dancehall signée Steve Mackey (Pulp), Diplo, Ross Orton (Fat Truckers) et Richard X (Annie), la MC assénait une solide droite au visage avec Arular, paru en mars dernier. Si le titre se veut une dérivation à partir de A ruler (un dirigeant), c’est aussi le nom du père de la demoiselle. "Essentiellement, tout ce que je sais de lui provient de choses que j’ai lues à son sujet, précise-t-elle, la voix quelque peu brisée. Mais si on prend l’autre sens, pour moi, ça représente parfaitement le mood du disque. Je voulais donner le goût aux gens de sortir."

Même si le contenu de la galette demeure dénonciateur et pose un regard bien personnel sur la situation géopolitique depuis le début du nouveau millénaire, la belle se défend de produire de la musique "politisée". Engagée M.I.A.? "D’une certaine façon, mais je tente de garder ça le plus large possible et de ne pas entrer dans les détails. L’essentiel, c’est de toucher les gens. Il faut y aller avec la réalité que chaque être humain connaît et vit. Avec l’album, je voulais soulever le fait que j’ai vécu dans un milieu politiquement troublé pendant un bon moment", explique la jeune femme dont le père s’est engagé dans le mouvement indépendantiste tamoul.

Après des études en cinéma et aux beaux-arts, Maya s’adonne à la peinture et au dessin, puis se lie d’amitié avec la bande d’Elastica pour qui elle crée le graphisme soigné de la pochette de leur deuxième album (The Menace), paru il y a cinq ans. Elle suit ensuite le groupe et le filme lors de leur dernière tournée américaine. Pas surprenant que le visuel occupe, encore aujourd’hui, une place prépondérante dans son approche musicale. "J’exploite énormément cet aspect pour changer la façon dont je pense à la musique, explique la B-girl aux yeux foncés. Je continue de croire que la manière dont j’agence les éléments de ma musique demeure profondément visuelle."

Mais qu’est-ce qui pousse une jeune fille au passé affligeant (sa famille fuit le Sri Lanka lorsque la guerre civile éclate au milieu des années 80), ayant vécu une bonne partie de sa vie dans la dèche et possédant un talent évident pour les arts visuels à pondre une musique aussi festive et enjouée? "Me connecter avec le public, tout simplement", lance la Londonienne de 28 ans. "Ce que je souhaite, c’est que les gens ne portent pas de jugement et demeurent en tout temps ouverts d’esprit. Il n’y a rien de vraiment noir ou blanc dans ce bas monde. N’importe qui a le pouvoir de faire tourner les choses à son avantage dans la vie et la plupart du monde l’ignore complètement." C’est ce que l’on appelle de la sagesse.

Le 24 septembre
Au Métropolis
Voir calendrier Rock / Pop